Intervention de Gilles Le Gendre

Séance en hémicycle du lundi 7 octobre 2019 à 16h00
Déclaration du gouvernement suivie d'un débat sur la politique migratoire de la france et de l'europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Le Gendre :

C'est un débat pour tout repenser ; avec lucidité, avec audace, avec courage. Les Français exigent aujourd'hui un changement radical de logiciel. Nous n'avons pas le droit de les décevoir, sans quoi notre démocratie court le risque d'une désintégration sur laquelle les extrémistes misent depuis des lustres pour faire prospérer leurs funestes projets.

La lucidité, tout d'abord, nous conduit à admettre que nous sommes aujourd'hui dans une sorte d'impasse qui ne fait que des perdants. Nos principes inconditionnels, et qui doivent le rester, de respect de la dignité humaine sont mis à mal, et l'efficacité de notre politique de régulation est légitimement placée en accusation.

Humanité et fermeté sont des mots qui vont très bien ensemble, mais les échecs de nos politiques depuis plusieurs décennies en ont écorné le sens. « L'humanité », déclarait déjà Emmanuel Macron en octobre 2016 à Montpellier, « ce n'est pas accorder des titres au compte-gouttes et laisser tous les autres demandeurs d'asile sur le territoire dans une situation de non-droit. »

Les marqueurs de cette inefficacité ayant déjà été évoqués aujourd'hui, je ne m'y étendrai pas : inefficacité de la régulation européenne, en premier lieu, dont l'actualité nous offre régulièrement des illustrations tragiques ; inefficacité des dispositifs français aussi, qui se traduit dans ce décalage croissant entre les entrées en France et en Europe ; droit d'asile détourné de son objet en raison de modes et de délais de traitement différents ; conditions d'hébergement trop souvent indignes ; difficulté à juguler l'immigration illégale ; sort non stabilisé des mineurs non accompagnés ; intégration trop lente, trop inégale et trop imparfaite des femmes et des hommes autorisés à rester sur notre territoire ; et, finalement, défiance de nos concitoyens dans leur propre capacité à rester fidèles à la tradition d'accueil dont notre pays s'est enorgueilli dans le passé.

La loi pour une immigration maîtrisée, un droit d'asile effectif et une intégration réussie, adoptée l'an dernier, était nécessaire. Les ministres ont eu raison de souligner les avancées qu'elle a permis de réaliser et que je veux saluer ici, …

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