Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 9 octobre 2019 à 15h00
Bioéthique — Article 32

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Ce phénomène de la précipitation de l'histoire résulte de ce que l'on appelle la « culture cumulative ». Les domaines qui nous intéressent sont ainsi entrés dans une ère totalement nouvelle d'inventions et d'informations cumulatives. Prenez les modifications génétiques, qui sont extrêmement récentes : il ne s'est pas écoulé dix ans depuis le moment où l'on a appris à découper et à séquencer le génome ; nous faisons désormais en une journée ce qui prenait autrefois un an et plus. Concernant l'intelligence artificielle, notre collègue vient de dire à l'instant une chose très sage : nous ne savons pas avec quelle vitesse elle parviendra à remplacer quelques-unes des fonctions qui aujourd'hui nous paraissent les plus sophistiquées.

La révision de la loi sur le temps court présente un double intérêt.

Premièrement, elle permet d'avoir une vue d'ensemble, c'est-à-dire de lier les avancées des différents domaines au lieu de les examiner les unes après les autres.

Deuxièmement, elle permet d'établir progressivement une jurisprudence. Ces débats de bioéthique sont, en général – et celui-ci l'a encore montré – , libérés d'un alignement partisan systématique. Aucun de nos partis n'a arrêté sur ces sujets de doctrine rattachée à une philosophie générale. Ainsi, nous arrivons, par une délibération réellement collective, à établir des points sur lesquels nous nous accordons et qui, d'un débat à l'autre, servent de référence pour trancher les suivants.

Là aussi, il s'agit d'un processus de culture politique cumulative. Ce processus est extrêmement précieux. Je ne sais pas dans combien de pays du monde une assemblée nationale délibère ainsi en séance plénière. Il me semble que c'est tout à fait significatif et important.

Bien sûr, notre collègue du groupe Les Républicains a raison de dire qu'il ne serait pas correct de faire passer en contrebande, sous prétexte de bioéthique, des évolutions tenant purement et simplement au sociétal. Mais nous devons nous faire mutuellement confiance et considérer que cela n'arrivera pas. Même si, comme je l'ai dit la dernière fois, il me semble que la PMA ne relevait pas de la bioéthique pour la raison que la technique était parfaitement connue. C'est seulement une question politique et sociétale ; il n'y a pas de honte à l'avouer !

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