Intervention de Henri Poupart-Lafarge

Réunion du mercredi 9 octobre 2019 à 17h05
Commission des affaires européennes

Henri Poupart-Lafarge, PDG d'Alstom :

Je vais revenir sur la signalisation. J'ai beaucoup parlé de la très grande vitesse, parce qu'il s'agissait du dossier le plus absurde et le plus symbolique. Le sujet de la signalisation est plus compliqué. La Commission n'avait pas tort à 100 % vis-à-vis des règles classiques de la concurrence. Il était normal qu'elle nous demande des remèdes sur la signalisation. Nous avons proposé des mesures, d'un montant équivalent au chiffre d'affaires d'Alstom en Europe, mais la Commission en voulait plus.

Il faut avoir en tête que la Commission s'intéresse au marché européen et qu'elle veut que le « paquet » que nous vendons soit viable, qu'un autre acteur puisse le développer. Cela peut l'amener à nous demander de vendre quelque chose au niveau mondial. De manière imagée, elle nous a demandé de nous couper un bras pour traiter le problème de la main, ce qui a rendu les discussions avec la Commission très difficiles sur la signalisation. Si nous avions écouté la Commission, nous aurions dû vendre plus que l'intégralité de l'activité d'Alstom en matière de signalisation : le nouvel ensemble aurait été plus petit que Siemens aujourd'hui.

La Commission a pu dire que Siemens et Alstom avaient eu du mal à s'entendre. Quand vous allez vous marier et que le maire demande à l'un de se couper le bras et à l'autre la main, les discussions préalables au mariage sont compliquées !

Ce problème est assez spécifique aux fusions entre égaux : les décisions sont collégiales. Quand il y a un acheteur et un vendeur, c'est l'acheteur qui décide comment l'objet vendu doit être découpé pour satisfaire la Commission. Ce n'est pas forcément une meilleure chose pour les salariés, mais le processus est plus simple.

Alstom ressort-il affaibli de cet échec ? La fusion, dont je comprends qu'elle ait inquiété les syndicats, avait pour but de renforcer Alstom et Siemens. Puisqu'elle n'a pas eu lieu, nous sommes affaiblis, mais Alstom n'est pas en danger. Le marché est porteur, nous avons des capacités d'innovation et nous sommes présents dans le monde entier. Nous allons continuer à avancer, à travailler et à nous battre pour gagner des contrats. La fusion nous aurait permis d'accélérer notre croissance, mais nous allons continuer à croître.

L'occasion de créer un champion européen a été ratée, mais il y en aura peut-être d'autres à l'avenir.

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