Intervention de Adrien Quatennens

Séance en hémicycle du mardi 22 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Cette année, plus encore que les précédentes, nos débats feront l'objet d'une attention toute particulière. Il s'agit d'un nouveau budget de l'insécurité sociale.

De rigueur en austérité budgétaire, d'aggravation des conditions de travail en manque de personnel, de fermetures de lits en fermetures d'unités, de réduction des moyens en dégradation de la qualité et de la sécurité des soins, l'hôpital public se meurt. Derrière les chiffres, derrière les tableurs Excel, derrière le langage des calculatrices, derrière les absurdes règles budgétaires européennes, il y a des femmes et des hommes qui ont fait le choix de s'engager pour soigner, ainsi que des patients, des usagers qui craignent pour eux ou pour leurs proches.

En dix ans, ce sont plus de 50 000 lits qui ont été fermés. Les budgets successifs n'ont jamais été au niveau de la hausse de la charge de soins. La politique de santé a été réduite à sa seule dimension budgétaire, visant la baisse des dépenses publiques, sacrifiées au seul bénéfice du secteur privé – ce secteur privé qui est sans doute le seul que vous servez.

L'hôpital public se meurt et, depuis cette tribune, je me fais le relais de l'intense souffrance dont témoignent les personnels hospitaliers, qui vous réclament un plan d'urgence pour l'hôpital.

L'hôpital public se meurt et, depuis cette tribune, je me fais aussi le relais de l'immense gratitude que ressentent les Français pour celles et ceux qui les protègent et les soignent. Vous devez les entendre. Nous n'en pouvons plus d'un système de soins à deux vitesses où celles et ceux qui ont les moyens peuvent payer pour se soigner pendant que près d'un Français sur deux renonce à le faire et que le personnel soignant se rend malade à cause de conditions de travail intolérables.

Alors que nous étions appelés l'an dernier à nous réjouir du retour à l'équilibre des comptes de la sécurité sociale, nous sommes cette fois appelés à constater le retour du fameux « trou de la sécu ». Mais de quoi parle-t-on ? On parle de 5 milliards d'euros, soit 0,2 % du produit intérieur brut.

D'où vient ce nouveau dérapage des comptes sociaux qui justifierait que l'on resserre la vis ? Si l'on en croit l'histoire racontée à qui veut bien l'entendre, c'est la faute aux gilets jaunes ! N'ont-ils pas bon dos, ces gilets jaunes ? La vérité, c'est que ce sont vos choix que l'ensemble des assurés paient.

La sécurité sociale est un ensemble géré par les partenaires sociaux, financé par les cotisations des salariés et des employeurs. Lorsque l'État décide de baisser ces cotisations, il serait logique qu'il prenne à sa charge le manque à gagner pour la sécurité sociale. Or vous vous y refusez. Ainsi, lorsque le président Macron vient faire ses annonces à la télévision, il impose ses décisions, espérant en retirer un bénéfice personnel sans débourser le moindre sou du budget de l'État pour en compenser le coût.

Il faut rappeler ici, et nous le ferons aussi souvent que nécessaire, que lorsque vous prétendez augmenter les salaires en supprimant des cotisations sociales, vous mentez. Supprimer des cotisations sociales, c'est faire payer aux salariés la petite augmentation de leur salaire net par la perte de moyens face aux risques de la vie. Aux très riches, en revanche, vous faites des cadeaux, sans contrepartie – et sans aucun résultat positif pour l'intérêt général.

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