Intervention de Cyrille Isaac-Sibille

Séance en hémicycle du mardi 22 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrille Isaac-Sibille :

Nous voilà de nouveau réunis dans cet hémicycle pour examiner un PLFSS. Ce rendez-vous annuel est incontournable, tant il dépeint la situation de notre système de santé à l'instant t et propose des réponses aux défis auxquels nous faisons face à court et moyen termes.

Cette année, le constat est clair : d'un côté, la situation des comptes sociaux est moins bonne que prévue ; de l'autre, les défis à relever sont nombreux. Notre rôle ne consiste pas à commenter ce constat lié, au-delà des considérations budgéto-budgétaires sur les compensations, aux mesures que nous avons adoptées en décembre dernier, en conscience et par-delà la majorité, et qui se répercutent aujourd'hui sur les comptes de la sécurité sociale. Ces mesures étaient nécessaires et salutaires.

Ce budget est courageux car, malgré un contexte économique tendu, il contient des mesures pragmatiques qui, dans la lignée de la loi relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, permettront de rendre ce dernier plus agile. Notre groupe se félicite des dispositifs de financement des hôpitaux de proximité et de l'écosystème psychiatrique, qui garantissent un financement forfaitaire tout en développant une logique de dotation territoriale.

S'agissant de la lutte contre la désertification médicale – ou plutôt la sous-dotation médicale – , nous nous félicitons également des mesures de simplification non coercitives prévues, comme le regroupement des contrats incitatifs pour l'installation des jeunes médecins en zone sous-dense avec l'exonération totale de cotisations sociales pendant deux ans pour ces praticiens.

Le budget de la sécurité sociale doit aussi permettre de donner une meilleure visibilité aux acteurs de la santé et de procurer à nos hôpitaux des ressources consolidées. Or, si ce PLFSS contient quelques mesures intéressantes pour les établissements de santé – chantier du financement à la pertinence des pratiques et prescriptions, hausse de l'ONDAM médico-social – , il est évident que les efforts demandés à l'hôpital sont en grand décalage avec la situation dans laquelle ils se trouvent. Avec un ONDAM à 2,1 % pour l'année 2020, l'effort demandé à ce secteur s'élève à plus de 800 millions d'euros. Ces mesures d'économie ne sont pas nouvelles : depuis quinze ans, ce sont plus de 8 milliards d'euros qui ont été demandés aux établissements hospitaliers. En outre, l'ONDAM hospitalier réel est souvent inférieur à celui adopté par le Parlement.

Si la question de la diminution des ressources allouées à l'hôpital est centrale, elle ne saurait être traitée dans sa globalité sans parler de l'épineuse question de la visibilité. Dans les faits, aujourd'hui, les établissements de santé peuvent difficilement connaître avec précision le montant des ressources qui leur seront allouées pour l'année en cours avant que celle-ci ne soit écoulée. Cette prévision est, a fortiori, encore plus difficile, sinon nulle, pour les années suivantes.

Comme pour tout autre secteur, il apparaît primordial que les hôpitaux bénéficient d'une vision – sinon à long terme, au moins à court terme – sur leurs recettes à venir afin de mieux appréhender l'évolution de leurs dépenses de santé. Or la régulation infra-annuelle des établissements de santé empêche toute projection sur le long terme et se traduit par un manque de visibilité très contraignant pour ces acteurs. Une visibilité pluriannuelle sur l'évolution des financements est indispensable pour réaliser les investissements et les adaptations nécessaires. C'est la raison pour laquelle notre groupe défendra un amendement, adopté par la commission des affaires sociales, visant à accorder, à titre expérimental, une garantie de financement pluriannuel aux établissements de santé, comme ce PLFSS le permet pour les hôpitaux de proximité. Une telle garantie permettrait d'inciter les établissements de santé à conduire une politique visant une meilleure coordination des soins au lieu de suivre une logique de production d'actes. Elle inciterait aussi au développement d'actions de prévention, seule solution pour faire des économies à moyen et long termes.

En matière de prévention, le groupe MODEM souhaite également soulever une question de santé publique majeure : le ciblage de nos jeunes par certains industriels qui leur proposent des bières à 16 degrés au format de 500 millilitres. Nous savons que plus la consommation commence tôt et plus la boisson est alcoolisée, plus l'addiction sera forte, avec les conséquences sociales et sanitaires que nous connaissons. Afin de dissuader ces industriels, notre groupe proposera une taxation forte de ces bières, car nous savons que, bien conduite, cette fiscalité est d'une redoutable efficacité – la réduction du nombre de fumeurs consécutive à l'augmentation du prix du paquet de cigarette en est la parfaite illustration.

Enfin, même si ce sujet relève davantage du PLF, nous nous félicitons de la réalisation d'un document budgétaire sur les crédits de politiques publiques transversales, « l'orange budgétaire », qui nous permettra de mieux cerner les dépenses de l'État en faveur de la prévention et leur évolution.

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