Intervention de Claude Goasguen

Réunion du mercredi 16 octobre 2019 à 9h35
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaude Goasguen :

Votre rapport est très intéressant, cher collègue, mais je trouve qu'il manque des solutions suffisamment fortes en la matière. C'est un peu comme pour l'immigration : on n'arrête pas d'en parler, on constate ce qui se passe, mais on n'essaie pas de comprendre.

Entre le IXe siècle et le XIVe siècle, la France a perdu toutes ses forêts. Lisez les Œuvres de Georges Duby qui viennent d'être publiées par la Bibliothèque de la Pléiade – c'est extraordinaire. Notre pays est devenu une grande puissance parce qu'il a procédé à une déforestation massive pendant cette période, qui précède la grande époque de la France. Il faut avoir cela en tête quand on pense aux États en pleine déforestation : l'intérêt national ne coïncide pas toujours avec l'intérêt international. On le voit aussi en matière d'immigration.

Il faudra que les institutions internationales fassent, tôt ou tard, ce qu'elles n'ont pas encore fait dans ce domaine comme dans celui de la déforestation, car on a affaire à des éléments gênants. L'immigration profite à beaucoup de gens, des deux côtés de la Méditerranée et ailleurs. La déforestation profite aussi à beaucoup de gens. Si nous ne proposons pas rapidement un statut particulier pour les forêts que nous voulons protéger – ce qui nous coûtera très cher –, dans le cadre d'instruments juridiques internationaux, tout le reste ne donnera rien et nous connaîtrons le même échec qu'en matière d'immigration : on se contentera de répéter qu'il faut sauver la forêt.

Nous donnerons de l'argent au Brésil, sans trop savoir ce qu'il en fera. Cette situation semble placide, alors qu'elle est en réalité dramatique ; la France aurait intérêt à davantage éveiller ses partenaires internationaux à son sujet. J'estime que notre monde est dirigé d'une manière placide, comme si nous refusions de voir un certain nombre de problèmes. La lecture du livre de Georges Duby fait comprendre l'importance de la dimension historique des problèmes. Nous devrions donc avoir le courage, de temps en temps, de rompre cette placidité gestionnaire.

Ce rapport est très intéressant, sa lecture m'a appris beaucoup et je le conserve précieusement. Toutefois, il convient d'identifier un projet international pour la France, peut-être sous la forme d'un chantier puissant dans le cadre européen. En effet, l'Europe est dépourvue de cette dimension alors même qu'elle tire profit de la déforestation.

Dans ces conditions, je suis très réservé au sujet des crédits de la mission Écologie, développement et mobilité durables : au nom des Républicains je ne voterai pas l'avis.

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