Intervention de Loïc Prud'homme

Réunion du mardi 22 octobre 2019 à 18h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

Partout où je me rends, je rencontre des citoyens qui aiment les paysans, que ce soit dans des associations pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) biologique ou non, dans des coopératives de producteurs, conventionnels ou en agriculture raisonnée, ou encore dans les marchés de plein-vent que nous connaissons tous.

Pourtant, j'habite dans une zone où l'urbain et le périurbain sont censés être le terreau de cette défiance à l'égard du monde rural et des agriculteurs. « Agribashing » préférez-vous dire, pour avoir l'air de ne pas être responsables de la politique agricole de notre pays. Mais c'est bien votre budget qui promeut l'« agribashing » : il ne comporte pas l'esquisse d'une politique agricole lisible et aucun contrat social clair proposé à nos agriculteurs.

Qu'attendez-vous d'eux : produire sainement ou exporter des matières premières bas de gamme vers la Chine ? Vivre dignement ou courir derrière les prêts bancaires ? Que faites-vous face à l'industrie agroalimentaire et à la grande distribution qui pressurent les prix et enfoncent la tête de nos éleveurs encore un peu plus sous l'eau ? Où est l'interdiction d'acheter un produit agricole en dessous de son coût de production ? Quels sont les résultats de la loi dite EGALIM votée l'année dernière ? Il n'y en a aucun, comme je l'avais annoncé. Pourquoi soutenez-vous encore le CETA, qui aura comme conséquence le dumping environnemental, social et commercial ? Quand allez-vous protéger notre agriculture et permettre au contraire que les exigences sanitaires et environnementales en fassent la plus saine et la plus valorisée du continent ? Je ne vois rien dans votre budget qui soit à la hauteur de ce défi.

Enfin, et c'est sans doute le point le plus significatif : où sont les lignes budgétaires permettant le désendettement des exploitations ? De nombreux agriculteurs voudraient changer leur façon de travailler, redonner du sens et de la fierté à leur métier, et surtout produire un revenu pour leur famille. Ils ne le peuvent pas, car ils sont esclaves de crédits insoutenables qui sont la cause de tant de suicides. Or vous ne prévoyez aucun plan pour sortir les banquiers de nos champs.

Ce terme d'« agribashing » est un écran de fumée ; c'est le refrain de ceux qui voudraient nous faire oublier leurs propres turpitudes. Vous pouvez continuer à vous cacher derrière des mots et des formules toutes faites, pendant qu'un tiers des Français sont touchés par des maladies chroniques en lien avec leur alimentation. Ces pathologies nous coûtent 50 milliards d'euros par an, c'est-à-dire dix fois le budget du ministère. Qu'allez-vous faire pour qu'enfin notre agriculture soit capable de produire une alimentation saine pour tous et de garantir des revenus décents aux agriculteurs ?

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