Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du lundi 28 octobre 2019 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission recherche et enseignement supérieur (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Il s'agit d'un amendement d'appel. Si la recherche en matière de santé est une priorité, cependant, elle ne doit pas se faire à n'importe quel prix. Or la première lecture du projet de loi relatif à la bioéthique a permis de poser de nouveau la question d'une recherche éthique. Dans cette perspective, le décryptage de la technologie du vivant par les technologies « omiques » ne peut se faire ni au détriment des embryons ni en créant des chimères.

Je rappelle qu'une chimère animale est un embryon animal modifié par adjonction de cellules humaines pour donner naissance à un animal chimère. L'autorisation d'une telle expérimentation, qui a été proposée à l'article 17 du projet de loi relatif à la bioéthique, soulève de nombreuses questions auxquelles nous aimerions obtenir des réponses.

Cette expérimentation présente en effet un risque avéré de brouillage de la frontière entre l'homme et l'animal. Quelle sera l'identité d'un animal qui, par adjonction de cellules, deviendra en partie humain ? Par ailleurs, on voudrait adjoindre dans l'embryon animal des cellules humaines afin qu'elles se reproduisent dans le corps d'un animal : or nous ne sommes pas à l'abri que d'autres cellules humaines puissent se développer. Une telle perspective semble relever de la science-fiction : toutefois, que ferons-nous d'un animal qui naîtrait avec un rein, des mains ou un visage humains ?

De plus, quel pourcentage de cellules humaines sera adjoint à l'embryon animal ? Le projet de loi relatif à la bioéthique ne pose aujourd'hui aucune limite. Or plus important sera le nombre de cellules humaines adjointes, plus l'animal se rapprochera de l'homme, avec toutes les inconnues et les dangers qu'un tel rapprochement impliquera.

Enfin, quid du risque majeur de création d'une conscience humaine chez l'animal ? Un tel risque a été évoqué par le Conseil d'État : dès lors qu'il ne serait pas possible de maîtriser les cellules embryonnaires in vivo et qu'elles migreraient dans le cerveau de l'animal, la question se pose objectivement.

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