Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du lundi 28 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Lorsque l'on parle du budget agricole, il faut tenir compte de dégrèvements fiscaux et d'autres avantages, mais il faut surtout le mettre en perspective. Je vais m'attacher à le faire en citant deux chiffres, en parlant de dérégulation des marchés et de prévention.

Savez-vous, chers collègues, que quand la fin des quotas laitiers et l'absence d'une régulation européenne fait perdre 1 centime par litre à la production annuelle française – 24 milliards de litres – , la perte de la ferme France représente près de 10 % du budget dont nous sommes en train de discuter ?

Savez-vous que pour soigner l'obésité et le diabète de type 2, le ministère de la santé dépense l'équivalent de trois fois le budget de la politique agricole commune dévolu à la France ?

Nous pouvons penser une autre agriculture et une autre alimentation. Pour cela, il faut de l'ambition. Dans le train, j'ai relu pour m'en inspirer le discours du Président de la République à Rungis et nos notes sur les états généraux de l'alimentation. Nous sommes dans le temps de la désillusion.

Je le regrette profondément, monsieur le ministre. Comme vous, j'ai cru au discours de Rungis et aux états généraux de l'alimentation, mais nous affrontons une période difficile. Il nous faut serrer les rangs et tracer des perspectives.

Contraint par la profession, vous parlez très souvent d'agribashing ; vous avez même évoqué un observatoire de l'agribashing. Au nom du groupe Socialistes et apparentés, je vous invite aujourd'hui à vous intéresser aux causes profondes du phénomène plutôt que de chercher à en soigner superficiellement les symptômes.

La politique menée ne donne pas de résultats probants. Plus encore que des résultats, il nous manque un horizon et un chemin.

Les agriculteurs ne demandent pas la charité, de la condescendance ou même de la compassion, ils demandent de la justice. Ils demandent une juste répartition de la valeur et le respect de certains principes. Nous avons échoué avec les lois Sapin 2 et EGALIM, je le dis avec humilité, parce que nous n'avons pas remis en cause les raisons fondamentales du déséquilibre commercial entre les opérateurs.

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