Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du lundi 28 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission agriculture alimentation forêt et affaires rurales (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

L'ONF a annoncé, vendredi dernier, la fin de l'utilisation des traitements phytopharmaceutiques dans les 11 millions d'hectares de forêt publique qu'il gère. À l'occasion de cette décision prise avec la Fédération nationale des communes forestières, il a déclaré que « la préservation de l'environnement et de la biodiversité figure parmi [s]es grandes priorités ».

Nous pourrions accueillir cette nouvelle avec enthousiasme si les agents forestiers de cet établissement public ne tiraient depuis des années la sonnette d'alarme. L'ONF est, selon eux, lancé dans une dangereuse course à la rentabilité de court terme, sacrifiant la biodiversité et l'accueil du public sur l'autel de la profitabilité. Depuis sa création en 1964, il tire l'essentiel de ses revenus de la vente de bois. Seulement, le cours du bois n'a cessé de chuter : alors que, dans les années 1970, le chiffre d'affaires des ventes de bois des forêts domaniales s'élevait à 476 millions d'euros, il est aujourd'hui divisé par deux. Cette situation a incité l'ONF à accélérer les coupes au fil des ans, sans parvenir à équilibrer ses comptes faute d'une aide compensatoire de l'État suffisante.

Si la direction de l'ONF affirme que les coupes sont gérées dans le strict respect du code forestier, le fait est que ses efforts se concentrent désormais sur les activités rentables, aux dépens des autres missions de service public forestier et de la gestion à long terme que nécessite la forêt.

À ce constat s'ajoute la baisse des effectifs. Depuis 2002, près d'un quart des effectifs, soit 3 000 emplois, a été supprimé, et la saignée continue : 226 autres l'ont été cette année. Nous proposons, par cet amendement, que l'État prenne enfin ses responsabilités et abonde le budget de l'ONF pour lui permettre de se concentrer sur son coeur de métier, à savoir la gestion durable des forêts françaises, dans le respect de l'ensemble de ses missions.

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