Intervention de Sonia Krimi

Séance en hémicycle du mardi 29 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Après l'article 76

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSonia Krimi :

Le bégaiement est un trouble qui apparaît dans notre communication. C'est un blocage de la voix, ce sont des mots qui ne sortent pas, ce sont des arrêts, c'est l'impression que la personne fait énormément d'efforts pour parler – et ce sont aussi des stéréotypes. C'est une façon de parler qui peut apparaître comme plus nerveuse. On attaque donc tous les bègues de France – qui sont tout de même au nombre de 650 000 – en les considérant comme des personnes hystériques ou instables. Or ce sont seulement des personnes qui ont du mal à parler, du « bonjour » du matin au « bonne nuit » du soir. Des mots qui vous paraissent simples peuvent, pour des personnes comme moi, être très difficiles à prononcer. Un bègue, c'est quelqu'un qui roule à 180 kilomètres-heure sur un terrain dangereux. Il est très important de comprendre cela.

Un enfant bègue sur quatre reste bègue en atteignant l'âge adulte. C'est beaucoup à l'aube de 2020, à une époque où les sciences neurologiques sont très développées et où l'on commence à accompagner de très près ce handicap invisible. Le bégaiement s'installe de 2 à 5 ans et les parents d'élèves sont souvent perdus, tandis que les enseignants du primaire et du secondaire ne savent pas exactement comment le gérer.

Voilà ce qui se passe, et vous le voyez très bien en ce moment même avec les paroles d'une députée bègue et bavarde. Je dis souvent à tous les bègues – qui sont nombreux à être restés jusqu'à trois heures du matin pour nous regarder – que chaque prise de parole est une bataille que nous menons tous les jours. J'espère que nous obtiendrons la première victoire aujourd'hui en inscrivant le mot « bégaiement » dans la formation des enseignants. C'est très important de mettre un mot sur les choses et d'inscrire ce mot-là dans la formation continue. Dans une société qui communique énormément, il est très difficile d'être enfermé dans son propre corps.

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