Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du jeudi 31 octobre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission aide publique au développement (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

Cet amendement tend à vous alerter sur le lien de plus en plus étroit établi entre l'aide publique au développement et l'immigration. J'ai déjà soulevé ce problème. Lors de son discours devant l'Assemblée nationale, le 7 octobre dernier, le Premier ministre a suggéré de conditionner l'aide publique au développement à la bonne conduite des pays dont seraient originaires les principaux flux migratoires : « Il est logique que nous attendions des États que nous soutenons grâce à l'aide publique au développement, un haut degré de coopération dans la maîtrise de l'immigration clandestine ». « L'aide au développement doit être mobilisée au service de notre stratégie migratoire », reprenait-il, deux jours plus tard, au Sénat.

Or, ce projet, censé contribuer à la maîtrise des flux migratoires, inquiète les ONG qui dénoncent le dévoiement du soutien financier aux plus pauvres. CCFD-Terre solidaire considère qu'une telle orientation, extrêmement choquante, conduirait à modifier la nature même de l'aide publique au développement pour en faire une contrepartie à l'externalisation de nos frontières.

En effet, le respect du mandat de l'aide publique au développement, qui est en principe un outil de lutte contre la pauvreté et les inégalités, ainsi qu'une aide à l'essor économique et social dans les pays les moins développés, est mis en péril quand elle est instrumentalisée pour servir un objectif de maîtrise des flux migratoires.

Cette dérive, hélas, n'est pas nouvelle. Ainsi, le fonds fiduciaire d'urgence de l'Union européenne pour l'Afrique est utilisé pour inciter les pays destinataires de l'aide à mener des politiques axées sur la gestion des flux, le renforcement du contrôle etc.

Les conclusions du rapport rendu par l'ONG Action santé mondiale, qui s'est rendue au Sénégal et au Niger pour dresser le bilan de ce fonds, sont sans équivoque : l'approche est inefficace, tant au niveau politique que du développement.

Bref, par cet amendement d'appel, qui vise à transférer 1 euro symbolique en faveur de ces politiques, nous souhaitons appeler votre attention sur la dérive et la dénaturation des politiques d'aide au développement.

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