Intervention de Jean-Paul Lecoq

Séance en hémicycle du jeudi 31 octobre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Les budgets que nous examinons aujourd'hui portent sur trois programmes : « Action de la France en Europe et dans le monde », « Français à l'étranger et affaires consulaires », « Diplomatie culturelle et d'influence ».

Ces trois sujets sont maltraités par le Gouvernement. La diplomatie française est transformée en une machine à promouvoir les produits français, notamment ses armes, mettant entre parenthèses la culture et les relations politiques. Le réseau consulaire tend à se réduire et le manque de personnel pour la gestion des Français à l'étranger est criant. La diplomatie culturelle est paradoxale avec une volonté de faire apprendre le français à l'étranger tout en faisant exploser les frais d'inscription pour les étudiants étrangers.

Commençons donc par la diplomatie française. Ses missions sont erratiques. Les quatre grands axes du ministère parlent de l'action pour la paix et la stabilité, de la promotion de l'Union européenne, de la défense de la démocratie et des droits de l'homme et d'une régulation économique et commerciale efficiente.

Pour les députés communistes, seuls la paix et le dialogue avec tout le monde doivent être la boussole diplomatique. De la défense de la paix découle la défense des droits de l'homme et de la démocratie.

Les agents du Quai d'Orsay sont donc débordés et doivent tout faire en même temps, diluant la parole de la France. Le budget 2020 confirme d'ailleurs cette orientation avec une panoplie de priorités et aucun moyen budgétaire supplémentaire. La réforme de la fonction publique diplomatique maintient d'ailleurs cette absence de priorisation en valorisant les contrats courts de spécialistes. Mais ces contrats courts doivent être fidélisés. C'est pourquoi deux primes d'un montant total de 2,8 millions d'euros sont allouées pour les contractuels. Finalement, ces postes en CDD ne sont-ils pas plus chers que des postes de fonctionnaires ? La diplomatie n'a-t-elle pas besoin de stabilité pour animer des réseaux dans le monde ?

Cet objectif, au fond, n'est pas comptable : il est idéologique, voire dogmatique. Les fonctionnaires sont vus comme un poids financier par notre gouvernement et ne sont pas vus à la hauteur de leur expertise, cette expertise qui permettrait de reconnecter notre diplomatie au coeur du monde et anticiper pour éviter les crises et les guerres.

Nous aurions peut-être évité quelques erreurs récemment avec cette véritable expertise au lieu de diplomates en CDD, qui vendent un Rafale le matin, travaillent à l'export des PME l'après-midi et se battent pour implanter Peugeot dans leur pays de résidence le soir.

Si le budget de l'action de la France dans le monde entraîne des conséquences néfastes pour notre diplomatie, il en est de même du budget de la diplomatie culturelle. J'en veux pour preuve la diminution de budget de l'Institut français qui retrouve son niveau de 2018 après une augmentation exceptionnelle de 2 millions d'euros supplémentaires en 2019 pour promouvoir la langue française. Monsieur le ministre, vous qui avez géré autre chose que le ministère des affaires étrangères, vous savez très bien que, lorsqu'on développe des actions une année, il faut des crédits supplémentaires si on veut les poursuivre les années suivantes avec une certaine efficacité.

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