Intervention de Clémentine Autain

Séance en hémicycle du jeudi 31 octobre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Mission aide publique au développement (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClémentine Autain :

En préambule, je tiens à rappeler que nous sommes à dix ans de l'échéance assignée aux objectifs de développement durable. Au vu de ce budget, toutefois, nous sommes loin de faire preuve du volontarisme que réclame cette échéance. Je souhaite me faire ici l'écho des craintes des ONG, qui sont nombreuses à nous alerter sur l'urgence avec laquelle nous devons changer de braquet en matière de développement.

Dans « aide publique au développement », il y a les mots « aide », « publique » et « développement ». À ce stade du débat, et à la lecture du PLF, il est important de revenir sur chacun de ces termes – et par conséquent, de revenir aux fondamentaux.

« Aide », tout d'abord : le Président de la République s'est engagé vingt-quatre fois – ce n'est pas rien – à porter l'aide publique au développement de la France à 0,55 % du revenu national brut à la fin de son mandat. Nous sommes loin du seuil de 0,7 % que nous appelons de nos voeux, et que la France s'était fixé en 1970. Comme mes collègues l'ont déjà souligné, la trajectoire ne pourra pas être tenue si la France continue à mobiliser des moyens aussi insuffisants chaque année. Le décalage entre les budgets successifs et l'objectif est flagrant. L'affirmation récente de Gérald Darmanin, dans cet hémicycle, selon laquelle les annulations de dette représenteraient à terme un cinquième de cet objectif, n'est pas de nature à nous rassurer. L'aide publique au développement n'est pas une ligne comptable que l'on gonfle artificiellement et à peu de frais pour les besoins d'une communication qui se limite à des effets d'annonce, sans effet concret.

« Publique », ensuite : alors que les ONG s'étranglent – et on les comprend – que seuls 3 % de l'APD française transitent par leur intermédiaire, contre 15 % en moyenne dans les pays de l'OCDE, les entreprises respirent, et même très bien, puisqu'on les met sous perfusion. Ainsi, l'AFD fait la part belle au développement de notre commerce extérieur en multipliant le recours aux opérateurs français.

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