Intervention de Valérie Boyer

Réunion du mercredi 23 octobre 2019 à 9h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Boyer, rapporteure pour avis :

Il s'agit d'un rapport budgétaire et non d'un rapport de mission d'information. De fait, les dysfonctionnements que je dénonce créent de l'inhumanité. Personne ne se réjouit que les MNA soient maltraités, personne ne se réjouit de voir des gens dormir porte de la Chapelle, personne ne se réjouit de voir des départements ou des villes qui souffrent, comme la Seine-Saint-Denis et Marseille. Personne ne se réjouit de voir des gens mourir en mer parce qu'on leur fait de fausses promesses. Que valent les leçons d'humanité quand on est confortablement assis dans son fauteuil, quand on n'habite pas des zones difficiles et quand on n'est pas confronté à cette souffrance quotidienne ?

Monsieur Bourlanges et vos collègues qui vous ont chaleureusement applaudi, parce que vous êtes de bons Samaritains et moi une méchante, je vous invite à aller porte de la Chapelle pour voir si les personnes ne souffrent pas, celles qui dorment sur les trottoirs comme celles qui habitent le quartier. Je vous invite à aller voir les conditions dans lesquelles sont accueillis les mineurs non accompagnés par les services de l'ASE, les conditions dans lesquelles les enfants les plus vulnérables sont confrontés à des jeunes adultes qui ont vu le pire. Ce qui se passe dans les foyers de l'ASE est lamentable.

L'organisation de notre impuissance en rendant les statistiques indisponibles nous empêche d'avoir un débat. Preuve en est qu'à chaque fois qu'on parle de ces questions, il y a, d'un côté, les gentils, et, de l'autre côté, les méchants. Depuis l'apparition, dans les années 1970, du système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus (SAFARI), notre pays est traumatisé par les statistiques. Tous les interlocuteurs ont dit qu'on nous empêchait d'avoir accès aux informations. En tant que parlementaires, nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette impuissance. Je m'y refuse aujourd'hui.

J'ai été interrogée sur la délivrance des laissez-passer consulaires. Les taux d'éloignement, tout confondu, restent faibles, à peine un sur deux. S'il y a des souffrances dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA), c'est parce que les pays d'origine ne veulent pas reprendre leurs ressortissants. Dans le rapport, je m'interroge sur nos relations avec les pays d'origine. Comment imaginer qu'un pays comme le Mali refuse ses ressortissants !

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