Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du mardi 5 novembre 2019 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2020 — Immigration asile et intégration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Comment ne pas remarquer que les accents humanistes qui émaillaient naguère les discours du chef de l'État et de la majorité disparaissent un à un ? Sur les réfugiés, la France devait « prendre ses responsabilités » et assumer son « devoir d'asile ». Mais ça, c'était avant…

De l'eau a coulé sous les ponts depuis, une eau mauvaise : celle, d'abord, de la loi asile et immigration, adoptée dans la précipitation, sans évaluation de l'efficacité des dispositifs antérieurs, et marquant un vrai recul des droits des étrangers. Cette eau mauvaise alimente aussi le moulin de la communication qui, pour offrir au chef de l'État un adversaire supposé commode et facile à battre, lui fait la courte échelle et lui abandonne le choix du terrain. Ce plan de com' vous a conduits à convoquer, ici même, il y a quelques semaines, un débat sans texte sur l'immigration.

En matière d'immigration comme d'asile, votre feuille de route n'a jamais visé à ce que la France assume pleinement sa part de responsabilité dans l'accueil des réfugiés, mais bien à surfer sur de puissants courants populistes en vous posant comme le dernier rempart avant la barbarie, tout en reprenant sans vergogne ses thèmes et ses propositions.

L'humanisme a donc disparu. Il ne reste dans vos propositions que l'âpreté statistique de votre vision de l'immigration, tout en gestion de stocks et en contrôle des flux. En tête de ces propositions, on trouve les fameux quotas migratoires économiques pour – je cite ici Mme Muriel Pénicaud, qui se croit au supermarché de la main-d'oeuvre – , « s'ajuster en temps réel aux besoins de nos entreprises ». Cette mesure revient à confier au patronat notre politique migratoire et, bien sûr, à accroître la pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail.

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