Intervention de Caroline Fiat

Séance en hémicycle du vendredi 27 octobre 2017 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Article 33

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCaroline Fiat :

Mes chers collègues, on ne peut isoler une loi de l'ensemble des changements que vous imposez à la société. La loi El Khomri puis vos ordonnances ont provoqué des conditions de travail toujours plus pénibles. C'est un fait, tout le monde le dit : il fait moins bon travailler aujourd'hui qu'il y a trente ans.

À défaut d'une réforme du code du travail ambitieuse, permettant une véritable amélioration des conditions d'exercice des salariés et la prévention des nouveaux maux dans la société, l'occasion vous est au moins donnée de panser les plaies. Si vous êtes prêts à mobiliser des moyens pour mettre l'accent sur les maladies professionnelles, il faut que cette prise en compte soit totale.

Dès lors, on ne peut qu'être surpris, pour ne pas dire choqué, de ne rien trouver, dans le texte, sur le burn-out. Il n'y a décidément que vous pour faire fi de ce problème. Si les évolutions techniques ont permis d'améliorer l'engagement physique au travail, c'est le psychique qui trinque.

Le sociologue Vincent de Gaulejac a enquêté sur le phénomène auprès de nombreuses entreprises. Voici son constat : « les clowneries pour motiver le personnel, la mise en évidence de tricheries manifestes, la vague croissante de suicides, l'augmentation continue de symptômes psychiques et psychosomatiques, la description d'un monde insensé qui perd ses repères, la crise de confiance vis-à-vis des dirigeants et des institutions, sont des phénomènes qui illustrent d'inquiétantes mutations dans le monde du travail ».

Il est du rôle et du devoir du législateur de mettre un terme à ce malaise ambiant dans le monde de l'emploi. Vous voulez faire travailler les Français plus longtemps et dans de moins bonnes conditions, mais vous nous trouverez en travers de votre chemin : nous continuerons à proposer des mesures de progrès social, et non de complicité à l'égard des dérives.

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