Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du jeudi 7 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Cohésion des territoires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Restera-t-il une gare en 2022 pour l'emmener jusqu'au centre des impôts ? À ce rythme, M. Duperret ferait mieux de prendre un TGV direction Paris pour se rendre directement au ministère des finances, à moins que le prix pharaonique du billet ne l'en empêche.

Comprenez que dans ces conditions, il est irresponsable de diminuer toujours plus les services présentiels. Dématérialiser l'accès aux droits revient à les rendre caducs. Pire, la dématérialisation renforce les inégalités d'accès aux droits et aux services que nous finançons toutes et tous. En aucun cas, elle n'est une solution miracle, elle est au mieux une illusion. Vous pensez pouvoir tout résoudre avec un nouveau logo, les maisons France Service. Ce cache-misère ressemble étrangement aux maisons de services au public créées en 2014, dont vous ne faites que changer le nom. Mais ces manoeuvres ne trompent personne. En 2019, 20 % de la population des communes de moins de 30 000 habitants résident toujours à plus de vingt minutes d'une maison de services au public. Votre politique comptable qui fait disparaître les transports et l'ensemble des services publics maltraite les citoyens, sans compter les fonctionnaires en souffrance, las d'être dépossédés du sens de leur mission.

Nous sommes d'ardents défenseurs de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, et nous défendons ces valeurs profondément populaires. Mais c'est également l'écologie qui demande de renforcer l'accès aux services publics sur le territoire. Plus de services publics, c'est une place moins grande accordée à la sphère marchande, qui n'a que faire des considérations environnementales. Là où la République s'en va, ne manqueront pas d'arriver des prédateurs en tout genre, et parmi eux ceux dont la passion est de s'en prendre à nos milieux de vie.

Quand l'application concrète de ces principes universels est bafouée et l'accès aux réseaux qui garantissent une vie digne pour chacun, coupé, cela déclenche des insurrections populaires. Partout dans le monde, on assiste à une dégradation générale des conditions de vie par un modèle néolibéral dont vous êtes les plus grands partisans et artisans. Partout, les coupures d'accès aux réseaux mettent le feu aux poudres : taxe d'un service de communication au Liban, dégradation de l'accès à l'eau et à l'électricité en Irak, augmentation du prix des billets de transport au Chili, ou encore de l'essence en Haïti. C'est aussi ce constat qui a fait déborder le vase de la colère des gilets jaunes. Le mouvement a un an. Qu'avez-vous fait depuis ? Rien ou presque.

Ce pays est devenu une poudrière. Les citoyens n'en peuvent plus. Les gilets jaunes ont reconstruit la fraternité sur les ronds-points ; maintenant, nous entendons bien reconquérir la liberté et l'égalité.

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