Intervention de Sandrine Mörch

Séance en hémicycle du vendredi 8 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch :

Chacun d'entre nous a des jeunes à la maison et des associations dans sa commune, et chacun d'entre nous fait ou devrait faire du sport. Nous possédons ce dénominateur commun – je dirais presque ce trésor – qui nous lie et que nous défendons tous ardemment. Ce que nous n'avons pas encore, c'est la notion du retour sur investissement ou du coût évité par les associations : nous ne savons pas calculer combien les associations rapportent en bénéfice social, en non-délinquance, en emplois, en bien-être, en citoyenneté. Combien ça coûte, nous demandons-nous constamment ; je propose que nous nous demandions combien ça rapporte. En préalable à ce point sur le PLF pour 2020, je propose que nous parvenions ensemble, d'ici au prochain budget, à calculer le rendement d'une association et d'un terrain de sport, voire le retour sur investissement d'un éducateur sportif. En clair, je propose que nous inversions le débat : plutôt que de calculer sans cesse les coûts, calculons ce que cela rapporte à l'État et à la société dans son ensemble.

Je profite de cette tribune pour saluer les 1,5 million d'associations qui font de la France l'un des pays les plus riches du monde en la matière ainsi que leurs 21 millions d'adhérents, leurs 13 millions de bénévoles et leurs 1,8 million de salariés. Je salue également les 180 000 associations sportives qui assurent la cohésion sociale au quotidien et qui jouent un rôle essentiel dans l'éducation des jeunes. Ce sont nos outils les plus concrets, les plus proches du terrain. Ce sont elles, si investies dans leur mission, qui tissent le premier filet de protection et d'émancipation de la société.

Pourtant, certaines d'entre elles souffrent et leurs dirigeants se découragent. La semaine dernière encore, deux associations sportives de Toulouse m'envoyaient des signaux de détresse car elles sont prêtes à mettre la clef sous la porte, ce qui laisserait sur le carreau 400 jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville ; que leur répondre ?

Envisageons la dimension très positive de ce projet de budget : les crédits de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » pour 2020 sont en hausse de 24 % et le ministère des sports disposera de 710,42 millions d'euros, soit une augmentation de 9,8 % à périmètre constant. Les fédérations sportives, les acteurs locaux et les entreprises acquièrent une autonomie et une responsabilité accrues. Avec la création de l'Agence nationale du sport comme nouveau cadre de gouvernance, le Gouvernement nous incite toutes et tous – nous y compris – à exercer une pratique sportive et physique à tout niveau.

Cette refondation institutionnelle des politiques sportives permet de concrétiser des orientations majeures : un budget constant de 194 millions d'euros à destination des clubs sportifs et des équipements territoriaux, un véritable soutien à la stratégie sport-santé avec la labellisation de plus de 100 maisons sport-santé dès 2019 et l'objectif d'en créer 500 d'ici à 2022, un plan national de prévention du dopage doté de 11,1 millions d'euros, et enfin une réelle ambition en faveur des territoires défavorisés afin d'y développer des pratiques sportives pour tous et partout et d'atteindre l'objectif de 3 millions de pratiquants supplémentaires.

Le budget du programme 163 « Jeunesse et vie associative » augmente quant à lui de 8,4 % et matérialise une idée force : ressusciter le désir et l'engagement chez les jeunes afin d'exercer une influence concrète et durable en faveur d'une société plus équilibrée et plus constructive.

La majorité fait le choix d'investir en 2020 en faveur de la jeunesse en déployant le service national universel. C'est un investissement. Il fallait l'oser. Qui, jusqu'à présent, s'était saisi concrètement de cette tranche d'âge dans son ensemble ? Qui avait pris l'initiative d'inviter fermement tous ces adolescents en pleine mue à passer par les mains d'adultes chevronnés, bienveillants mais fermes, afin de leur ouvrir des horizons – ne serait-ce que prendre un train, s'extraire de son milieu, obéir à des contraintes, côtoyer d'autres jeunes et d'autres confessions – et pour qu'ils découvrent qu'ils peuvent eux aussi être respectés et pris en considération en tant que citoyens de seize ans ? Cette jeunesse est précieuse ; en France, c'est une denrée rare. Quinze jours de SNU ne métamorphoseront pas la société dès la première année, mais il s'agit d'un formidable outil pour rassembler les jeunes, leur parler et les motiver afin qu'ils s'engagent dans la société de manière constructive. Un jeune qu'on aide à s'engager à seize ans continuera de s'engager à dix-huit ans.

Autre bénéfice de l'action en faveur des jeunes : elle permet de capter leurs familles, qu'il est parfois plus difficile à intéresser et qui sont redevenues une priorité pour de nombreux ministres. Dans la même logique, l'objectif du service civique en 2020 consiste à atteindre 150 000 volontaires avec 508 millions d'euros, soit 76,5 % des crédits de ce programme. C'est un investissement en faveur de l'engagement, dans la continuité du SNU. Quant aux moyens du FDVA, ils sont pérennisés en 2020 avec une dotation de 8,12 millions d'euros, 8,5 millions d'euros supplémentaires étant consacrés au compte d'engagement citoyen.

Je rappellerai pour conclure l'importance de la mission « Sport, jeunesse et vie associative ». Ce qui se joue sur les terrains de sport, souvent à nu, sans abri ni tribune, c'est toute la citoyenneté d'une cité, c'est toute la cohésion d'un village. L'apprentissage du respect, du partage, et du sentiment d'appartenance à la nation se fait aux entraînements du mercredi et aux matchs du week-end. Je réaffirme à quel point la majorité est attachée aux associations, à quel point elle a des convictions pour la jeunesse, et combien elle est fière de préparer les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 !

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