Intervention de Michel Zumkeller

Séance en hémicycle du vendredi 8 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Sport jeunesse et vie associative

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Zumkeller :

Le budget de la mission « Sport, jeunesse et vie associative » est en hausse. Cela s'explique par des mesures de périmètre, par l'ouverture d'une ligne budgétaire de 30 millions d'euros pour le service national universel et par l'effort budgétaire consenti pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Bien évidemment, nous saluons la hausse de ce budget. Néanmoins, si l'on rapproche cette augmentation des objectifs que vous vous êtes fixés, on ne peut que s'interroger sur votre capacité à les atteindre.

Pour la jeunesse tout d'abord, nous constatons que les moyens alloués au service civique sont en hausse ; néanmoins, l'objectif fixé est que 145 000 jeunes s'engagent dans ce dispositif en 2020 et que l'Agence du service civique élargisse le champ des missions proposées. Comme je le disais en introduction, notre groupe considère que les moyens alloués ne sont pas suffisants pour atteindre ces objectifs, si bien que nous défendrons un amendement visant à doubler l'effort en faveur du service civique.

D'ailleurs, plusieurs acteurs expriment leurs craintes et ont l'impression que le SNU se fait au détriment du service civique. Monsieur le secrétaire d'État, vous nous rétorquez que les crédits du service civique augmentent, mais si vous êtes capable de consacrer 30 millions d'euros au SNU, il faudra également donner au service civique les moyens de se déployer pleinement. De plus, nous nous interrogeons sur le financement du service national universel, car si vous souhaitez rassembler l'ensemble des Français d'une même classe d'âge d'ici à 2022, il vous faudra consentir un effort budgétaire colossal dans les deux prochaines lois de finances.

Pour ce qui est du sport, le Président de la République a défendu, dans son programme présidentiel, l'augmentation de 10 % du nombre de licenciés et la féminisation de ceux-ci. À la lecture du projet annuel de performance, nous ne constatons aucune avancée, ou si peu.

Je voudrais également rappeler la détresse dans laquelle évoluent les associations sportives locales, conséquence d'une répartition inéquitable des richesses. Des milliards d'euros circulent ; pourtant, peu d'argent redescend vers les associations, alors que, dans le même temps, une part substantielle du prix des licences va aux fédérations sportives. Une meilleure répartition des richesses permettrait aux associations de s'équiper, d'être beaucoup plus actives qu'elles ne le sont déjà et d'accroître leurs marges de manoeuvres. Tout cela irait dans le sens de l'accroissement du nombre de licenciés d'ici à la fin du quinquennat. Nous déplorons également le manque d'infrastructures sportives dans les territoires ruraux, car les équipements se concentrent à 73 % dans les zones urbaines.

Nous nous réjouissons de l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 en France, qui représente une vitrine exceptionnelle pour notre pays. Nous espérons battre des records et décrocher un maximum de médailles, cent ans après les Jeux de 1924. Avant les Jeux de Paris, il y a ceux de Tokyo : à ce titre, je me fais le porte-parole de nos deux collègues néo-calédoniens, Philippe Dunoyer et Philippe Gomès, et, plus largement, du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, qui proposaient, dès 2016, que les athlètes français soient accueillis sur l'île, bien équipée sportivement et située sur un fuseau horaire presque identique à celui de Tokyo. Qu'en est-il de ce projet de base arrière néo-calédonienne, madame la ministre ?

Au sein du programme 350, vous créez une ligne budgétaire intitulée « Héritage des Jeux olympiques et paralympiques », dotée de 1,7 million d'euros en autorisations d'engagement. Toutefois, à la lecture du projet annuel de performance, il semblerait que cette somme doive être consacrée à la préparation du déménagement du laboratoire de l'Agence française de lutte contre le dopage sur le campus d'Orsay. Ne voyant pas vraiment le rapport entre la ligne budgétaire et la dépense envisagée, nous défendrons un amendement visant à réaffecter ces crédits.

Pour terminer avec les associations, notre groupe persiste à croire que la suppression de la réserve parlementaire au profit du FDVA fut une erreur. En vous focalisant sur quelques abus, vous nourrissez la défiance envers les élus. La gestion de ces fonds par l'administration plutôt que par les élus est une mesure déshumanisante et centralisatrice, qui éloigne le citoyen des parlementaires, donc des institutions républicaines.

Pour toutes ces raisons, le groupe UDI, Agir et Indépendants s'abstiendra lors du vote des crédits de la mission.

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