Intervention de Michèle Victory

Séance en hémicycle du mardi 12 novembre 2019 à 15h00
Questions au gouvernement — Précarité étudiante

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Ma question, à laquelle j'associe M. Régis Juanico, s'adresse au Premier ministre. La semaine dernière, monsieur le Premier ministre, vous n'avez pas répondu au président Chassaigne lorsqu'il s'est indigné des raisons vous incitant à supprimer l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, l'ONPES. Sous couvert d'économies de bouts de chandelle et de rationalisations arbitraires, et alors même que vous créez des agences dans d'autres domaines, votre décision sonne comme une provocation pour toutes celles et tous ceux qui vivent des situations d'exclusion, dans une société où la pauvreté et ses conséquences fragilisent le socle républicain. Au-delà des chercheurs, en effet, des personnes en état de pauvreté participent elles aussi à ces travaux afin de lutter contre l'invisibilité des plus fragiles, notamment des jeunes.

La pauvreté touche l'ensemble de la société, et c'est avec tristesse que nous avons appris le drame qui s'est produit à Lyon vendredi dernier, geste désespéré d'un étudiant stéphanois pour lequel nous avons tous une pensée. Ce geste dramatique, qui ne saurait à lui seul tout expliquer, éclaire une nouvelle fois la précarité et les difficultés grandissantes que subit la jeunesse de France. Une telle situation est inacceptable. L'accès aux études supérieures reste inégalitaire et ne permet pas aux 712 000 étudiants boursiers de faire face à leur quotidien sereinement : ils sont 42 % à renoncer aux soins faute de moyens, 38 % à se nourrir pour moins de 5 euros par jour et à fréquenter les épiceries solidaires, un tiers à occuper un emploi, et beaucoup se logent de manière indigne. Surtout, beaucoup renoncent. Au-delà, ces chiffres ne traduisent pas la détresse psychologique, le sacrifice des familles les plus fragiles et la perte d'espoir que la précarité fait peser sur notre jeunesse et son avenir.

Outre le rétablissement de l'ONPES, nous vous exhortons à élaborer un plan d'urgence à la hauteur du projet émancipateur de notre République, celui de donner à chacun la chance de dépasser son destin.

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