Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du mercredi 6 novembre 2019 à 9h40
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Nous avons besoin de coopération en matière de transport tactique, notamment de matériel militaire : nous sommes tous d'accord là-dessus.

Il y a toutefois un point que je ne comprends pas dans cet accord. Vous écrivez, monsieur le rapporteur, qu'« outre le bénéfice d'un cofinancement, la création de cette unité binationale permettra d'impliquer nos partenaires allemands dès le début d'une opération au lieu d'attendre, comme c'est le cas aujourd'hui, leur soutien dans une opération que la France a déjà engagée seule ». Vous ajoutez : « Toutefois, le système constitutionnel allemand prévoit que le Parlement doit autoriser toute intervention militaire au préalable. […] Pour lever cet obstacle constitutionnel, le parlement allemand devra prédéfinir une liste de missions dans le cadre de laquelle l'unité pourra intervenir. » Nous allons donc créer une brigade commune, sans savoir comment nous pourrons l'utiliser : c'est extravagant !

Une fois de plus, la France se met dans la main de l'Allemagne. Nous allons nous rendre prisonniers d'une décision du parlement allemand, avec toutes les difficultés que cela implique. Dans ces conditions, autant donner le pouvoir au parlement français ! Ce que nous sommes en train de faire est surréaliste, ahurissant ! On met la charrue avant les boeufs. N'y a-t-il pas suffisamment de domaines dans lesquels nous pourrions travailler avec l'Allemagne, notamment en matière industrielle et militaire ?

Deuxièmement, il est regrettable de toujours donner à l'Allemagne, sans jamais rien recevoir d'elle. Nous aurions pu nous servir de cet accord pour créer un rapport de forces constructif et tenter d'obtenir des choses. À la place, nous lui cédons et réunissons des avions sur une base, sans savoir comment nous pourrons les utiliser. Concrètement, si nous voulons lancer une opération contre des djihadistes dans un pays étranger, faudra-t-il demander l'autorisation de l'Allemagne ? Et si le Bundestag ne veut pas, est-ce que seuls les avions français partiront ?

C'est, au choix, du folklore ou de l'inconscience ! En tout cas, cela ne nous rend pas crédibles aux yeux des militaires : il faudra bien que l'on sache qui va décider du départ de ces avions. Vous oubliez qu'un outil de défense est au service d'une politique, c'est-à-dire d'une vision et de décisions. Or nous n'avons ni la même vision, ni le même processus de décision que les Allemands. Et vous voulez mettre des avions en commun sur une base à Évreux : tout cela est grotesque et n'est pas à la hauteur de l'enjeu de défense !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.