Intervention de Joël Barre

Réunion du jeudi 17 octobre 2019 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Joël Barre, délégué général pour l'armement :

CONTACT constitue le prochain réseau de radiocommunications tactiques de haut débit, sécurisé, interopérable, qui a pour objectif de renouveler les matériels actuellement en service, notamment les postes radio de 4e génération (PR4G). Il s'agit donc de fournir des terminaux de radiocommunications destinés à équiper tous les éléments tactiques du théâtre, c'est-à-dire tous les véhicules. Ce projet arrive en fin de développement, puisque nous avons inauguré le site de production à Cholet. L'entrée en service de ce réseau est prévue d'ici 2021, en même temps que le programme Scorpion, qu'il équipera en priorité. Les capacités industrielles que nous avons vues à Cholet ont montré que Thales pouvait faire face à la fois au besoin national et aux possibilités d'exportation présentées par ce projet. Ce dernier a effectivement, comme vous l'avez souligné, Madame la députée, un fort potentiel. J'en viens à présent aux questions relatives à la DGA.

La baisse de 21 % signalée dans le détail de notre budget constitue en réalité un effet de périmètre. Dans le cadre de discussions internes au ministère, nous avons en effet décidé de transférer au programme 178 les dépenses consacrées à « l'embasement » de la DGA, c'est-à-dire les dépenses réalisées par les services au titre des bases de défense. Jusqu'à présent, ces dépenses apparaissaient à l'intérieur de notre budget. Elles se trouvent à présent dans le programme 178 au titre de l'entretien des forces. Aucune perte de ressources n'est donc à signaler de notre côté. S'agissant de nos capacités à maintenir et à développer les compétences dont nous avons besoin pour maîtriser l'ensemble des projets dont nous parlons ce jour, nous sommes sur une trajectoire d'effectifs à la hausse, grâce à la LPM 2019-2025 qui met fin à des années de réduction.

Nous avons d'ores et déjà vu nos effectifs croître de 300 éléments par rapport au chiffre de 2017. Et nous avons une cible de « plus 500 » à l'horizon 2023. Cette hausse d'effectifs doit servir à répondre aux nouvelles missions – cyberdéfense, intelligence artificielle, robotique, développement d'activités spatiales, etc. – apparues dans la LPM. Elle doit aider également à assurer la maîtrise d'ouvrage experte nécessaire à nos budgets d'investissement significativement en hausse.

Nos capacités de recrutement sont, pour l'instant, bonnes. Nous recrutons ainsi entre 500 et 700 ingénieurs par an. Cependant, nous nous heurtons à deux handicaps. Le premier est celui de la rémunération. Les ingénieurs perçoivent en effet de meilleurs salaires dans l'industrie qu'au sein de la DGA. Le second handicap est celui des conditions de déontologie. Nous avons en effet à appliquer des règles de déontologie de plus en plus dures, qui constituent un frein à l'embauche. Les jeunes ingénieurs qui envisagent d'intégrer la DGA peuvent se trouver ainsi refroidis, car ils veulent pouvoir envisager de faire autre chose après leur passage au sein de notre administration. Or cette démarche peut être empêchée pour des raisons déontologiques.

Cet obstacle se présente désormais aussi pour les ingénieurs civils. Certains ont pu ainsi me dire qu'ils hésitaient à entrer à la DGA car ils ne pourraient pas intégrer Thales ou d'autres groupes ensuite, alors même qu'ils pourront sans difficulté rejoindre Huawei. En résumé, je dirais que nous devons compenser ces deux handicaps par l'intérêt du travail, et par des responsabilités accordées à nos ingénieurs atteintes plus jeunes que celles auxquelles ils pourraient prétendre au même âge dans l'industrie. Mais il faut vivre de toute façon avec un turn-over par définition plus important chez nous que ce qu'il peut être ailleurs. Cela dit, j'ai l'impression que le turn-over est devenu plutôt la règle avec les nouvelles générations. Même s'ils intègrent le privé, les jeunes gens n'imaginent pas faire toute leur carrière dans la même entreprise. C'est devenu un phénomène de société.

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