Intervention de Jean-Paul Dufrègne

Séance en hémicycle du mardi 19 novembre 2019 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Dufrègne :

Le calendrier fait bien les choses puisque le 17 novembre 2018 commençait le mouvement des gilets jaunes. Depuis un an, donc, les Françaises et les Français sont descendus en masse dans la rue pour faire entendre leur détresse, leur sentiment d'abandon et leur opposition à votre politique. Vous avez méprisé ce mouvement et tenté de contenir cette colère. Pourtant, la gronde persiste et vous n'avez toujours pas proposé de mesures à la hauteur de la crise sociale et environnementale que nous traversons.

Il faut changer de paradigme et cesser de concentrer les efforts en faveur d'un retour obsessionnel à l'équilibre budgétaire sur le dos des politiques sociales ou à coups de suppressions d'emplois et de « modernisation » des services de l'État. La course folle à la statistique et la politique du « bon élève » du budget doivent cesser.

À la vérité, la stratégie de communication du Gouvernement axée sur la hausse du pouvoir d'achat et la protection de l'environnement ne trompe personne. Comment peut-on mettre en avant le pouvoir d'achat alors que, selon les chiffres de l'INSEE, 9 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté et qu'il y a eu plus de 200 000 nouveaux pauvres en 2018 ? Hélas, la baisse des allocations chômage amplifiera cette catastrophe. Comment se faire les chantres de l'environnement alors que, la semaine dernière, vous avez voté à la hâte un amendement afin de rétablir l'huile de palme dans la liste des biocarburants bénéficiant d'un avantage fiscal, avant un rétropédalage pitoyable ?

La différence entre vos discours et la réalité n'a jamais été aussi prononcée. Les injustices et la misère fleurissent mais vous refusez de voir la vérité en face. Pourtant, « il y a consensus sur les origines du mal : dans une mondialisation désordonnée et surtout dérégulée, le capitalisme provoque plus que jamais des inégalités grandissantes. Chaque Français sent bien que la croissance générale profite principalement à quelques-uns. () Force – et gêne – est de constater que, durant l'année des « gilets jaunes », les distributions de dividendes ont battu leur record historique et que les émoluments des patrons du CAC 40 ont crû de 14 %. Qu'on soit de droite, du centre ou de gauche, cette seule énonciation provoque l'indignation, explique la révolte. » À quelques mots près, nous aurions pu écrire cela !

Il s'agit pourtant d'un extrait d'une tribune parue ce week-end dans Le Parisien, à l'initiative du MODEM – vos alliés.

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