Intervention de Marielle de Sarnez

Séance en hémicycle du jeudi 21 novembre 2019 à 9h00
Accession de la macédoine du nord à l'organisation du traité de l'atlantique nord — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères :

Je souhaite tout d'abord remercier Mireille Clapot de son excellent rapport sur l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'OTAN, adopté hier matin par notre commission.

À cette occasion, la commission a débattu hier de la place des Balkans en Europe, des enjeux de sécurité auxquels ils font face, et de notre nécessaire coopération avec eux pour leur garantir la protection à laquelle ils ont droit.

Nous avons également débattu de l'avenir de l'OTAN, sujet ô combien d'actualité. Il y a soixante-dix ans, dans un contexte de guerre froide et de course aux armements, la création de l'OTAN correspondait à une urgence. Elle était la condition sine qua non de la sécurité de l'Ouest européen et elle a sans aucun doute permis de bâtir une paix durable. Néanmoins, depuis 1949, le monde a profondément changé : il connaît de nouvelles instabilités et des conflits d'un genre nouveau ; il voit naître de nouvelles puissances militaires et de nouvelles menaces.

À la lumière des événements récents dans le Nord-Est syrien, nous avons pu constater que certains de nos alliés avaient failli à la solidarité que nous attendions d'eux : les États-Unis, en décidant sans aucune concertation de quitter la coalition internationale contre le terrorisme ; et la Turquie, en intervenant militairement contre les Forces démocratiques syriennes qui avaient contribué à gagner le combat territorial contre Daech au prix même de leur vie. Ce faisant, la Turquie rompait les liens et la solidarité qui auraient dû obliger Ankara vis-à-vis de ses partenaires, en particulier les pays européens de l'OTAN.

Le débat doit désormais s'ouvrir sur la refondation de l'OTAN, sur sa vocation, sur ses missions, sur son organisation, sur ses finalités stratégiques. La commission des affaires étrangères, en liaison avec la commission de la défense nationale et des forces armées, organisera une table ronde et une réunion sur cette grande question de l'avenir de l'OTAN mercredi prochain au matin. Il revient à la France, avec ses alliés européens, d'entamer une réflexion de fond sur une refondation de l'OTAN à l'occasion du sommet des 3 et 4 décembre à Londres, en vue d'adapter l'organisation aux défis nouveaux de notre siècle, et à la nécessaire autonomie stratégique d'une Europe unifiée.

Cela suppose de bâtir, en parallèle, une souveraineté et une solidarité européennes renforcées dans le domaine de la défense. Faisons-le en entendant les inquiétudes de nos partenaires d'Europe orientale à l'égard de la Russie et en comprenant que leur besoin de sécurité et de protection est existentiel. Nous avons vraiment besoin d'engager cette réflexion de long terme sur les meilleurs moyens d'assurer notre sécurité, de préserver la paix sur notre continent et de défendre nos intérêts et nos valeurs lorsqu'ils sont menacés.

Je forme le voeu qu'avec la crise de l'OTAN, qui s'est ouverte en raison de l'intervention militaire turque dans le Nord-Est syrien, la France et les Européens trouvent enfin le ressort et l'énergie de s'inventer un avenir qui leur soit véritablement commun, et de décider d'exister par eux-mêmes.

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