Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 15h05
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

J'ai écouté avec attention votre exposé, que j'ai trouvé intéressant à propos de la dissémination. En revanche, j'ai été un peu surpris, et même choqué, que vous mêliez le Brexit, le populisme et le terrorisme dans la même phrase. C'est assez étonnant. Le peuple britannique a voté, et ce que vous qualifiez de « repli des États » n'est que la reconquête d'une liberté – en tout cas, c'est ce que pensent les Britanniques. Vous aurez sans doute affaire à un Premier ministre qui fera le Brexit mais qui est un partenaire en matière de défense : je ne pense pas qu'il serait heureux que le ministre de la défense français l'assimile au populisme et au terrorisme. C'est un raccourci un peu abrupt.

Je le dis car on a le sentiment, en ce qui concerne votre politique de défense, que vous privilégiez à tout prix l'Allemagne, alors que son mode de décision en matière de vente d'équipements et d'armements fait qu'il est très difficile de trouver des accords. Je ne pense pas qu'il ne faut pas des partenariats avec l'Allemagne – bien au contraire – mais qu'on doit être vigilant afin de garder notre indépendance absolue sur le plan de la technologie – les Allemands veulent souvent s'en emparer. Par ailleurs, je crois qu'il serait dommage d'abandonner les Britanniques : Brexit ou non, ils resteront une puissance militaire et nucléaire avec laquelle nous avons des partenariats.

J'aimerais connaître votre vision, notamment au sujet des avions de combat. Ne court-on pas le danger de perdre notre autonomie stratégique ? On sait ce qu'est devenu l'avion de combat européen. On s'était beaucoup moqué du Rafale à l'époque, mais heureusement que nous l'avons fait seuls, au lieu de nous engager dans la bureaucratie qui s'est mise en place. Cela ne veut pas dire, bien sûr, qu'il ne faut pas réaliser l'avion de combat du futur.

S'agissant de la Russie, quand allons-nous lever les sanctions ? C'est ce qui fera la réalité de notre engagement – sinon on se contente de tourner autour du pot.

Quant à la Turquie et le sommet de l'OTAN, je n'ai pas bien compris votre position. Je m'interroge : il y a la crise au Sahel mais aussi celle en Syrie et la question de l'influence de la Turquie, à un moment, dans les trafics d'armes vers la Libye.

Quelle est votre position, par ailleurs, à propos de l'Arabie saoudite ? J'ai souvent l'impression – mais ce n'est peut-être qu'une impression – qu'il y a deux poids et deux mesures. Vous vous indignez des crimes commis en Syrie, et il y en a qui sont horribles, bien sûr, dans ce pays, où notre politique a été un fiasco complet – cela ne date pas d'aujourd'hui mais de la présidence de François Hollande, et même d'une époque antérieure, lorsque notre ambassade a été fermée ; en revanche, vous tolérez l'inacceptable en Arabie saoudite et les ventes d'armes au Yémen. On a le sentiment que l'indignation liée aux droits de l'homme est toujours à géométrie variable. J'aimerais en savoir plus.

En ce qui concerne le Sahel, nous avons écouté avec attention le chef d'état-major des armées il y a quinze jours. Il était beaucoup plus pessimiste que vous au sujet du G5 Sahel : je voudrais savoir si on peut vraiment compter sur cette organisation – même s'il faut agir dans ce cadre.

En ce qui concerne les moyens matériels et humains, le chef d'état-major des armées a dit quelque chose de très fort : il a souligné qu'il est en train de reconstruire une armée de gestion de crise grâce à un budget en augmentation, ce dont nous nous réjouissons tous, mais que ce n'est pas une armée qui peut affronter des situations de guerre. Compte tenu de l'étendue des menaces que vous avez rappelées, ne faudrait-il pas prévoir une nouvelle loi de programmation militaire et une augmentation supplémentaire du budget de la défense ?

Je voudrais enfin évoquer le personnel. Il est souvent question des équipements et de la stratégie, mais ce sont des hommes et des femmes qui combattent. Où en est-on en ce qui concerne leurs soldes ? Il y a eu des problèmes, et je crois que vous avez agi : j'aimerais savoir si les problèmes sont réglés. Par ailleurs, qu'en est-il des recrutements futurs ? Beaucoup de militaires démissionnent au bout de leurs premiers contrats. Comment assurerons-nous la formation et la pérennité de notre outil de défense ?

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