Intervention de Christine Gavini-Chevet

Réunion du mercredi 6 novembre 2019 à 15h40
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Christine Gavini-Chevet, rectrice de l'académie de Caen :

Sur la question du périmètre et des communes qui ont été comprises dans l'arrêté préfectoral lié aux questions agricoles, je pense qu'il y a quand même deux temps à distinguer. Pour nous, le samedi soir, nous étions à 225 sites scolaires. Ceux-là, nous étions sûrs qu'ils étaient nettoyés et la discussion avec les maires avait eu lieu. Ensuite, au-delà du samedi et au-delà de ces 225 sites, il y avait encore d'autres communes qui se sont révélées avoir des suies ou ce genre de choses. Nous avions fait passer un message et cette fois dans tout le département, le DASEN l'avait fait passer pour tout le département, un message de continuité dans l'action de nettoyage. Nous avions dit qu'il fallait que ce soit renouvelé quotidiennement, ne serait-ce que parce que les enfants pouvaient apporter des suies de l'extérieur et ainsi les rentrer dans les classes. Normalement, il devait y avoir une continuité du nettoyage. Ce qu'on nous a répondu la plupart du temps dans les collectivités, c'est que c'est fait tous les jours ! Nous n'étions pas dans quelque chose d'exceptionnel. Pour moi, il y a vraiment ces deux temps et, effectivement, il y avait une semaine plus tard encore des écoles qui retrouvaient des suies le matin et qui ont même pu trouver du fibrociment à un certain moment, créant des situations d'inquiétude.

Mais à chaque fois, nous avions déjà un protocole mis en place soit pour les suies, à travers l'ARS, soit pour le fibrociment. Nous avons essayé de suivre systématiquement le protocole défini par l'ARS et d'être très présents. Notre rôle, puisque ce n'est pas un rôle sanitaire, c'était d'être présents, de redonner les instructions et d'essayer d'aider les maires et les chefs d'établissement à bien mettre en oeuvre les opérations.

S'agissant de la gestion de crise et de l'expérience, c'est une expérience humaine très intéressante, mais éprouvante. Il est prévu qu'un RETEX, un retour d'expérience, soit fait au niveau du ministère. Nous allons nous appuyer sur la crise Lubrizol pour former ultérieurement les recteurs, les inspecteurs d'académie. Notre ministère nous forme beaucoup sur la gestion de crise. Nous nous appuyons toujours sur des cas concrets. Nous aurons l'occasion de le faire. Je vais participer à ce RETEX, ainsi que l'inspecteur d'académie, de façon à expliquer à nos collègues les difficultés rencontrées, toutes les solutions possibles, avec l'intelligence collective on progresse. De ce point de vue, le ministère engage, vous le savez, une réflexion en son sein sur la question du métier de directeur d'école. Cela fera notamment partie des questions qui vont être posées. On sent bien, à travers l'expérience Lubrizol, que le directeur d'école a un rôle pivot dans la sécurité, qu'il avait déjà bien sûr, que les PPMS mettent en valeur, mais dont nous avons senti à quel point il était central avec cette question d'alerte, cette difficulté d'alerte. Cela fera partie des questions qui seront posées, au niveau du ministère, dans le cadre de ce RETEX : comment les directeurs d'école peuvent être mieux équipés, mieux préparés à recevoir cette alerte, à aider les maires dans leurs choix de décision ? Et cela concerne évidemment les inspecteurs, parce que ce sont aussi beaucoup les inspecteurs de circonscription qui jouent ce rôle, en principe.

Ensuite, une question que nous nous sommes beaucoup posée, c'est que lorsque nous avons supervisé ce nettoyage, nous avons dû faire confiance aux collectivités, à ce qu'elles nous disaient. Nous avions organisé un petit circuit de questions que nous posions incidemment aux mairies pour savoir comment elles avaient réalisé le nettoyage et par qui. Il y avait vraiment des différences importantes. Le conseil départemental a envoyé une entreprise spécialisée immédiatement. C'est la solution qui a été décidée. Les communes, elles, l'ont fait avec leurs agents habituels et la Région également, mais chaque fois, nous posions quand même un certain nombre de questions afin de nous assurer que cela avait été fait dans le respect du protocole. Après, on est dans le partage des responsabilités et il faut faire confiance à ce que l'on nous dit et au travail de ces agents. De fait, nous n'avons pas eu le lundi matin des directeurs d'école qui nous ont appelés en disant que le nettoyage n'avait pas été fait. Le nettoyage a été fait, ou bien il n'y avait pas de suie. Parfois, le nettoyage n'avait pas été fait, mais c'est parce qu'il n'y avait pas de suie. Je crois que notre confiance était bien placée pour être claire.

S'agissant de la médecine scolaire, c'est vrai que c'est une question très importante. Je pense qu'il y a une question qui est la culture du risque, la culture de l'alerte, que l'on peut travailler avec la médecine scolaire. C'est un programme de formation sur lequel on peut réfléchir, qu'il faudrait réfléchir au niveau ministériel puisque nous ne sommes pas les seuls concernés. Le debriefing que nous avons eu avec les médecins scolaires, avec les conseillers techniques médecins, mais aussi avec les psychologues scolaires, nous l'avons déjà fait. Nous allons réitérer ce RETEX de façon générale à l'intérieur de l'académie pour essayer de savoir si nous pouvons améliorer encore les choses. Pour l'instant, les retours que nous avons eus étaient plutôt rassurants. Comme je vous l'ai dit, il y a eu peu d'enfants en vraie difficulté. Au niveau psychologique, cela a été plutôt traité de manière pédagogique. C'est rarement les psychologues qui sont intervenus, ce sont les professeurs directement qui ont pédagogiquement traité le sujet. Nous avions envoyé des ressources pédagogiques qui avaient été travaillées pendant le week-end sur comment on parle à un enfant de quelque chose qui est choquant, avec des petits livres, des albums jeunesse, qui traitaient ces questions pour les tout-petits. Cela portait sur le rôle de pompier, ce genre de choses.

Je remercie énormément ma conseillère de prévention. Elle n'est pas là, mais elle a fait un énorme travail avec des professeurs qui l'ont aidée à créer des ressources pédagogiques, cela pendant le week-end.

La question des repas et de la pollution des aliments a été posée aux maires. Nous n'avions absolument pas de consignes puisque cela relève vraiment des collectivités territoriales. Ils ont acheté. Ils ont jeté. À l'école Franklin, où nous avions un soupçon qu'il y ait du fibrociment – il n'y en avait pas – alors nous avons été obligés de jeter les repas en application du principe de précaution, car nous ne savions pas exactement s'il y avait de l'amiante dans l'école. Par ailleurs, j'ai appris que l'amiante ne polluait pas les aliments, je l'ignorais. Nous avons tout jeté. Ce sont des choses que nous n'aimons évidemment pas faire !

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