Intervention de Jean-Yves le Gall

Réunion du mardi 29 octobre 2019 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Jean-Yves le Gall, président du Centre national d'études spatiales (CNES), président de l'Agence spatiale européenne (ESA) :

La création d'une armée de l'air et de l'espace est plus qu'un projet : la ministre des armées est en effet venue au CNES le 7 septembre 2018 pour poser les grandes lignes de cette ambition, précisée par le Président de la République à l'hôtel de Brienne le 13 juillet dernier et dont les modalités ont été annoncées par la ministre des armées le 25 juillet suivant à Lyon. Dès le 1er septembre, le grand commandement de l'espace a été mis en place et est en train de se constituer sur le site toulousain du CNES.

Je pense qu'il s'agit d'une inflexion tout à fait remarquable dans notre politique spatiale. Partout dans le monde en effet, l'ambition d'avoir des satellites totalement dédiés aux questions militaires et bénéficiant des progrès de la technologie s'affirme. La France se trouve déjà dans une position remarquable en matière de spatial militaire, puisque nous disposons d'un programme spatial militaire doté de trois composantes principales, dont la composante « observation optique », qui a commencé avec le lancement du premier satellite Helios en juillet 1995. Quatre satellites Helios sont aujourd'hui en orbite, auxquels est venu s'ajouter CSO-1, lancé le 18 décembre 2018, véritable merveille technologique. Il représente ce que notre industrie spatiale sait faire de mieux et certainement le satellite d'observation militaire le plus performant au monde.

Au-delà, l'idée présidant à la constitution d'une armée de l'air et de l'espace est de rassembler sur un même site des compétences aujourd'hui dispersées et de développer des programmes qui vont utiliser en particulier les techniques de miniaturisation, pour couvrir de nouvelles missions. Comme vous le savez, un montant de 700 millions d'euros a été affecté à ces questions dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM). Ce programme est donc en train de démarrer, ce dont on peut vraiment se féliciter. En effet, des annonces similaires ont été effectuées par d'autres grandes puissances spatiales, sans que ceci ne se traduise encore dans les faits. La France est quant à elle allée extrêmement vite, puisque la ministre a lancé la réflexion en septembre 2018 et que, après neuf mois de travail acharné, le Président a pu définir et annoncer le 13 juillet 2019 une stratégie dont les modalités ont été précisées le 25 juillet, pour une mise en place du grand commandement de l'espace dès le 1er septembre. Le dispositif va monter en puissance et nous aurons, dans quelques années, un paysage du spatial militaire en France durablement modifié, grâce à cette remarquable initiative qui va permettre à notre industrie à la fois de développer des technologies qu'elle ne possédait pas et de valoriser les technologies mises au point par ailleurs. À cet égard, le fait que ce commandement soit installé au centre spatial de Toulouse du CNES montre bien que toutes les technologies que nous avons développées au cours des dernières décennies sont duales, ce qui fait probablement la force de notre secteur spatial, le civil profitant au militaire et inversement. Même si cet aspect dual n'est pas très souvent évoqué, dans la mesure où la communication porte généralement davantage sur les programmes civils que militaires, il est définitivement la signature de notre programme spatial.

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