Intervention de Virginie Lafon

Réunion du mardi 29 octobre 2019 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Virginie Lafon, directrice générale, i-Sea :

Nous avons eu la chance d'être labellisés pour un projet par un booster : ceci nous a demandé de faire l'exercice de définir notre marché, de savoir si nous avions de vrais clients et de commencer à travailler avec eux. Je pense que ce dispositif est certainement la méthode la plus performante si l'on veut développer un service utile et commercialisable. Les « goodies » nous ont en outre permis d'obtenir quelques images supplémentaires.

La manière dont je conçois globalement le développement de nos applications spatiales s'appuie sur un mode de coconstruction. Ceci peut paraître assez artisanal, mais nous savons faire énormément de choses en termes d'observation de la Terre. Il existe déjà des services européens qui produisent des cartes d'occupation du sol. Nous disposons d'un socle très important de données mises à disposition par l'ESA et le CNES. Il faut toutefois aller au-delà, ce qui nécessite de comprendre l'usage. En France et en Europe, lorsque l'on parle de biodiversité, on se réfère à des directives européennes, dans lesquelles un gestionnaire doit s'inscrire et qui doivent donner lieu à une reddition de compte (reporting) régulière. Nous travaillons ainsi vraiment dans un esprit de coconstruction, en nous intéressant au cas d'étude, à la question posée, et en y répondant en construisant le service avec le gestionnaire. Il faudrait pouvoir appliquer cette stratégie à l'échelle européenne. Or ce pas nécessite, pour être franchi, beaucoup d'investissements. Une telle démarche vaudrait toutefois la peine d'être menée, pour répondre à des problématiques générales comme l'érosion ; nous sommes en capacité de le faire, en tenant compte par ailleurs des éventuelles spécificités nationales. Des pilotes comme celui financé par le programme Coastal Erosion de l'ESA sont, de ce point de vue, très importants, car ils permettent de concevoir et de construire de telles démarches à l'échelle européenne.

Votre question concernait également les relations entre les grands groupes et les petites entreprises. Nous avons pu expérimenter ces liens, car nous sommes très ouverts sur la notion de partenariat, à condition bien évidemment d'y retrouver notre compte, c'est-à-dire de ne pas perdre notre identité et de pouvoir valoriser nos savoir-faire et notre expertise. Dans le cas de Telespazio, nous avons par exemple travaillé plutôt sur un partenariat scientifique, avec un partage de propriété intellectuelle pour aller vers un service ultra-performant. Peut-être prenons-nous ce faisant le risque de perdre un peu de notre savoir-faire, mais nous y gagnons l'avantage de pouvoir exporter ce service. Cette stratégie s'apparente à celle mise en place avec Airbus, dans le cadre d'un partenariat 100 % commercial qui va nous permettre de nous appuyer sur un réseau international pour vendre nos produits. Nous avons hâte d'activer ce partenariat, qui nous semble avoir un grand avenir dans la mesure où le marché des services de surveillance de l'environnement est mondial et où i-Sea y a assurément sa place. La plupart des start-up travaillant dans les domaines de l'environnement et de l'agriculture peuvent vraiment déployer très largement leurs services.

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