Intervention de Jean-Luc Fugit

Réunion du mardi 29 octobre 2019 à 17h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Fugit, député :

Je commencerai ces quelques propos conclusifs en soulignant qu'un compte rendu de cette table ronde va être rédigé et qu'une synthèse et des conclusions seront examinées par l'Office dès le 7 novembre prochain. Un rapport sera ensuite publié, en temps utile avant le conseil ministériel de l'ESA.

Je rappelle que nous avons travaillé cette année, dans la perspective notamment de cette réunion de novembre, sur les lanceurs, l'exploration de Mars ainsi que sur les satellites et leurs applications, afin de contribuer autant que possible à éclairer nos collègues.

Je tiens à vous remercier une fois encore pour la qualité des échanges qui ont nourri cette audition. Nous avons pu sentir l'expression de points de convergence, ce qui me semble très important.

En premier lieu, je me permets, en notre nom à tous, de souhaiter bonne chance au prochain lanceur Ariane 6. Nous espérons que les dernières étapes vont être franchies sans obstacle, afin de continuer à assurer de façon compétitive notre autonomie d'accès à l'espace.

Je me réjouis de la multiplication des applications utilisant des données spatiales, dans tous domaines, que ce soit pour les collectivités publiques, les entreprises ou les particuliers.

J'ai, vous l'aurez compris, une sensibilité particulière vis-à-vis des questions environnementales. La transition écologique et solidaire a aujourd'hui cessé d'être une option, pour devenir une obligation qui s'impose à chacune et chacun d'entre nous à titre individuel, mais aussi professionnel et collectif. Nous devons aller vers une réduction de l'impact environnemental de toutes nos activités. Or le spatial a un rôle important à jouer dans ce domaine. L'exemple d'i-Sea était, de ce point de vue, particulièrement remarquable, au point que je vais, en tant que membre du bureau de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale, proposer votre audition devant cette instance, car je pense qu'il est intéressant que mes collègues membres de cette commission prennent connaissance des actions que vous menez. Ceci pourrait d'ailleurs donner lieu à l'organisation d'une table ronde réunissant d'autres acteurs travaillant sur ces mêmes sujets.

J'ai également été très intéressé par la mesure du dioxyde de carbone anthropique. Je me réjouis d'entendre les annonces d'une réduction de ces émissions de l'ordre de 20, 30 ou 40 % à des échéances données. J'ai moi-même contribué à renforcer la loi d'orientation sur les mobilités (LOM) par voie d'amendement sur de nombreux aspects en lien avec ces questions, puisque je suis l'auteur des amendements qui prévoient la fin des énergies fossiles en 2040. Nous avons des objectifs et j'apprécie, en tant que scientifique, que les évolutions soient mesurées. J'espère par conséquent que nous parviendrons à disposer d'applications qui nous permettront de procéder chaque année à des mesures rigoureuses et précises relativement aux objectifs poursuivis, afin d'observer les évolutions. Ceci m'apparaît comme le meilleur moyen de sensibiliser, de rassurer et d'agir.

Je pense aussi, en tant notamment que président du conseil national de l'air, à la question des polluants de proximité. Il existe déjà des travaux sur ce sujet et je me réjouis que des applications soient en cours de développement dans ce domaine. Au niveau de l'accompagnement de notre agriculture, je crois que des applications sont déjà mises en oeuvre, même s'il reste encore beaucoup à imaginer et à faire. Il en va de même pour les mobilités : les représentants de la SNCF nous ont par exemple expliqué qu'il serait possible de faire circuler 20 % de trains en plus sur les lignes en améliorant le guidage des trains.

Dans ce monde de ruptures technologiques et de concurrence mondiale, il m'apparaît hautement nécessaire de maintenir un fort niveau d'investissement, afin de conserver le leadership scientifique et industriel de la France et de l'Europe. Au-delà des questions de compétitivité, j'attache beaucoup d'importance à la notion d'image. Je me permets ainsi d'attirer votre attention, en tant qu'ancien chercheur ayant occupé des fonctions politiques dans un établissement d'enseignement supérieur français, où je m'occupais entre autres des questions d'insertion professionnelle et de relations avec les entreprises, sur l'importance, grâce à une communication valorisant l'excellence de notre industrie spatiale, de donner envie à nos jeunes qui font des études scientifiques et s'intéressent par ailleurs au climat de travailler pour leur pays et pas nécessairement, une fois leur cursus terminé, de partir faire carrière à l'étranger. En tant que parlementaire qui vote le budget du pays, cette forme de « retour géographique », pour faire une analogie avec le domaine spatial, me semble là aussi importante. Il est essentiel, en communiquant autour de nos industries de pointe, de susciter chez nos jeunes l'envie de faire bénéficier l'ensemble de notre société de leurs connaissances et de leur matière grise.

Je trouve en outre important de soutenir la contribution forte de la France au budget triennal de l'ESA. J'échange régulièrement sur ce sujet avec la ministre et son cabinet. J'ai ainsi eu l'occasion de leur signifier que les 2,5 milliards d'euros dont il est question m'apparaissaient comme un plancher plutôt que comme un plafond.

Je considère également qu'il n'est pas interdit de s'interroger sur l'opportunité d'une éventuelle simplification de la gouvernance de la politique spatiale. Certaines évolutions sont à prévoir.

Il importera enfin de porter une attention particulière aux PME et aux start-up.

Je terminerai en évoquant l'investissement de notre Office dans cette réflexion. Il me semble nécessaire que l'Office parlementaire poursuive le travail entrepris ces dernières années sur les questions spatiales, qui apparaissent comme un enjeu majeur. M. Roussel a évoqué en début d'audition la notion d'« équipe de France du spatial » : ayant l'âme sportive, j'ai été particulièrement sensible à cette formule. Même si je crois que l'Office n'a pas vocation à intégrer cette équipe, il me semble qu'il peut en être un partenaire à la fois exigeant et bienveillant. C'est la raison pour laquelle je me permets de suggérer, en accord avec notre président, que ceci se traduise a minima par l'organisation chaque année d'une table ronde similaire à celle qui nous a réunis aujourd'hui, décorrélée de dates et enjeux particuliers et permettant de poser tous les sujets et de bénéficier des regards de l'ensemble de la chaîne, depuis le lanceur jusqu'aux applications. Un tel rendez-vous pourrait en outre contribuer à renforcer la cohésion de l'équipe, qui représente comme chacun sait un élément extrêmement important.

Merci à toutes et à tous de votre présence et de votre participation à notre audition publique.

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