Intervention de Général Thierry Burkhard

Réunion du mercredi 2 octobre 2019 à 16h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Thierry Burkhard, chef d'état-major de l'armée de Terre :

Madame la présidente, Mesdames, Messieurs les députés, je suis un peu impressionné par cette première audition devant la commission de la défense de l'Assemblée nationale. Je voudrais exprimer devant vous tout l'honneur que je ressens d'avoir été désigné chef d'état-major de l'armée de Terre. Je mesure combien la tâche est immense et difficile, mais, soyez-en sûrs, je suis prêt à relever le défi avec beaucoup de détermination et d'humilité. Je suis également très heureux et très fier de pouvoir m'adresser à vous aujourd'hui. À travers vous qui les représentez, c'est en fait à tous les Français que je m'adresse.

Avant de commencer, je souhaite vous présenter les deux officiers qui m'accompagnent : le colonel de la Regontais, chef du bureau finances – c'est lui qui répondra à toutes les questions un peu difficiles que vous me poserez (Sourires) – et le colonel Mabin, chargé des relations institutionnelles pour l'armée de Terre.

Mon objectif, pour ce premier contact avec vous, est de vous expliquer ma vision de l'armée de Terre, telle qu'elle est aujourd'hui, mais aussi telle qu'il faudrait qu'elle soit demain, pour relever les nombreux défis que nous aurons à affronter. Vous le savez, j'hérite du général Bosser d'une armée de Terre qui s'est collectivement appropriée le modèle « Au contact ». Ce modèle, qu'il a porté pendant cinq ans, montre toute sa pertinence.

Une belle maturité et une forte jeunesse, voilà ce qui caractérise notre armée de Terre. Une belle maturité tout d'abord, parce nous sommes engagés en opérations avec des succès reconnus. Mais, dans le domaine des opérations en particulier, les succès ne sont jamais acquis. Nous devons rester extrêmement vigilants, car nous avons, en face de nous, des ennemis qui ont tout autant envie de vaincre et qui ne nous font aucun cadeau. Belle maturité également, parce que nous avons une armée de Terre qui s'est adaptée aux opérations d'aujourd'hui, qui sait travailler en multinational et en interarmées, et pour qui le « agir ensemble » du Président de la République est vécu de manière concrète, au quotidien, en opérations, comme à l'entraînement.

L'armée de Terre, c'est aussi une forte jeunesse. C'est bien sûr notre ADN, car le combat Terrestre est éprouvant. Mais cette très forte jeunesse est aussi la conséquence de la remontée salutaire de nos effectifs depuis 2015. Elle se traduit par une baisse significative de l'âge moyen chez nos soldats, mais aussi chez nos cadres de contact. Il est donc impératif de faire progresser nos hommes en grade et en compétences.

Dans ce cadre, nous avons besoin de consolider notre modèle d'armée et de lui donner encore plus de force et d'efficacité. Mais j'estime que nous avons une LPM et un PLF très favorables qui nous en donnent les moyens. Le PLF confirme la trajectoire de remontée en puissance qu'il faut désormais tenir dans la durée. Comme moi, vous savez que nos soldats commencent à mesurer les efforts consentis par la nation. Je pense notamment à la préparation opérationnelle qui a repris depuis 2017. Vous l'avez constaté au contact de nos hommes : quand on aime son métier de soldat, on ne demande qu'une chose, c'est se préparer au combat, dans les meilleures conditions, avec du matériel performant.

Mais nos soldats et leurs chefs ont également bien compris l'exigence qui va de pair avec la confiance que la nation nous accorde. Nous devons rester exemplaires, et chaque euro dépensé doit être un euro bien utilisé. Rester exemplaires, c'est aussi nous inscrire pleinement dans les différents chantiers lancés par la ministre des armées. Je pense notamment à la modernisation de la maintenance et à l'amélioration des conditions de travail de nos hommes et des conditions de vie de nos familles.

Mon raisonnement est le suivant : le modèle « Au contact » est en place et confère une organisation stable et efficace à l'armée de Terre ; je ne souhaite pas changer de modèle, mais au contraire m'appuyer dessus pour consolider notre préparation opérationnelle ; c'est pourquoi j'ai ordonné la préparation d'un plan stratégique, qui sera diffusé en 2020 et qui vous sera présenté lorsque qu'il sera finalisé, si vous le souhaitez.

Néanmoins, certains constats peuvent d'ores et déjà être partagés. Il me semble important de vous associer à quelques-unes de mes premières réflexions.

Tout d'abord –et cela a été parfaitement décrit lors de l'université d'été de la défense–, nous vivons une mutation profonde de la conflictualité, mutation qui semble en accélération permanente. Le monde de ces trente dernières années, vous le connaissez comme moi, est celui des interventions dures, limitées dans l'espace et dans l'emploi des moyens, des guerres contre les organisations terroristes, des conflits généralement asymétriques, au pire dissymétriques, mais guère au-delà. Le monde dans lequel nous sommes en train de basculer est plus difficile à caractériser, mais certains signaux sont parfaitement clairs.

Premier constat : nous entrons dans une période de fortes turbulences marquée par l'incertitude et l'érosion de l'architecture de la sécurité collective. C'est l'ère des guerres indiscernables et soudaines.

Deuxième constat : les champs de la conflictualité s'élargissent rapidement et deviennent aussi plus flous. Les modes de recours à la force se diversifient. Les actions de force sous le seuil de violence ou non attribuables se combinent à la manipulation des perceptions et à la stratégie de l'ambiguïté.

En parallèle, l'accès à des capacités militaires de haute technologie – drones, missiles, roquettes de longue portée ou moyens de brouillage –, par des groupes irréguliers et par de nombreux États instables ou qui affichent des ambitions régionales, peut désormais remettre en cause la supériorité des armées occidentales. C'est ce que l'on a pu constater avec l'attaque des installations pétrolières saoudiennes, le 14 septembre dernier, mais aussi avec la guerre que se livrent pro-Haftar et pro-gouvernement d'entente nationale en Libye, à moins de 2 000 kilomètres de nos côtes. D'autres États que les États occidentaux sont désormais capables de réaliser des frappes chirurgicales.

Troisième constat : le milieu Terrestre ne sera peut-être pas systématiquement le lieu de l'éclosion des confits, comme la montée des tensions en mer de Chine nous le laisse entrevoir. Mais le milieu Terrestre restera celui où les guerres se fixent et se prolongent.

Quatrième constat, qui n'est pas nouveau, mais qui se vérifie davantage chaque jour : le milieu Terrestre est celui de la complexité, d'une complexité en trois dimensions. La première dimension est physique. Le milieu Terrestre est rugueux, hétérogène, difficile et cloisonné. Pour un soldat de l'armée de Terre, qui porte son sac et son équipement, qui dort dehors et qui mange une ration, même s'il n'est pas sous le feu de l'ennemi, il fera toujours trop chaud, trop froid ou trop humide. Le milieu terrestre est toujours exigeant.

La deuxième dimension est humaine. C'est dans le milieu Terrestre que vivent les populations et que se joue la guerre des perceptions, mais c'est là aussi que nos armées subissent l'essentiel de leurs pertes.

Enfin, la troisième dimension est temporelle. Les conflits s'étirent de plus en plus dans le temps et y trouvent de plus en plus difficilement une issue, car les victoires militaires peinent aujourd'hui à se traduire en solutions politiques.

Pour ajouter de la complexité, la couche Terrestre s'épaissit. La guerre se déroule également sous les pieds et les roues de nos soldats, dans les souterrains, comme à Mossoul en Irak. Elle se déroule également dans les airs, avec l'emploi des drones, des hélicoptères – et c'est aussi la zone où transitent nos obus et nos roquettes. Tout cela mérite d'être pris en compte et bien coordonné.

Au vu de ces constats, mon sentiment est que le spectre d'un conflit majeur, à tout le moins, la menace d'affrontements militaires encore plus durs que ceux que nous avons connus ces vingt dernières années, doivent être envisagés. Nous devons nous y préparer.

En ce qui concerne l'armée de Terre, nous ne pouvons pas exclure d'être surpris – notre ennemi fera tout pour que ce soit le cas –, mais nous n'avons pas le droit de ne pas être prêts, alors même que la menace est aujourd'hui très clairement perceptible. Ne voyez aucun catastrophisme dans ce constat, mais seulement la prise de conscience qu'il nous faut être prêts à cette éventualité. J'ai là aussi le sentiment que si nous sommes bien préparés, cela pourrait faire reculer ou détourner la menace et nous éviter de devoir engager un conflit majeur.

Le plan stratégique que nous préparons déclinera ainsi toutes les conséquences qu'implique l'évolution de la conflictualité dans le milieu Terrestre. Mais globalement, cela veut dire que nous allons devoir passer de la préparation d'une guerre ou de plusieurs guerres, bien définies, comme nous les menons aujourd'hui dans la bande sahélo-saharienne ou en Irak, à La guerre – j'insiste sur ce « L ». Nous devrons être prêts à nous engager en permanence et sans préavis, avec l'ensemble de nos capacités et le meilleur niveau de préparation opérationnelle à l'instant T.

Pour cela, il nous faut une armée de Terre intégratrice. L'armée de Terre doit d'abord parfaitement maîtriser l'intégration de ses propres capacités. Je dois en effet pouvoir proposer au chef d'état-major des armées (CEMA) une large variété d'options militaires dans le milieu aéroterrestre, avec un panel de capacités combinant emploi de la force et actions dans les champs immatériels. Nous devons maîtriser tout l'éventail des capacités traditionnelles : renseignement technique et humain, combat grand froid, projection aéroportée ou amphibie, unités blindées à forte puissance de feu, aérocombat, mais également des capacités rares, telles que le nucléaire radiologique biologique ou chimique (NRBC) ou la livraison par air. Nous devons aussi continuer à investir de nouveaux champs : cyber, déception, résistance à la désinformation ou encore meilleure prise en compte de l'influence.

Être efficace tout seul n'a pas grand sens. Il nous faut également poursuivre nos efforts d'intégration interarmées. Nous avons beaucoup progressé, énormément même. C'est vrai pour Barkhane et pour Chammal, avec des résultats assez remarquables. Mais demain, le conflit majeur ne laissera aucun délai de préparation à ceux qui n'auront pas atteint un niveau suffisant d'intégration interarmées.

Je le répète souvent : l'armée de Terre ne peut imaginer combattre seule. Elle a besoin des autres armées, mais aussi des autres directions et des autres services, dès le temps de paix. Cela nous fera progresser dans la définition des normes et des procédures qui nous permettront de gagner, et de le faire ensemble.

S'il n'est pas concevable de conduire des opérations hors de l'interarmées, il n'est pas non plus possible de le faire sans nos alliés. Personne n'imagine aujourd'hui conduire un engagement majeur au niveau national. L'interopérabilité avec les alliés de la France doit être technique mais aussi culturelle. Le partenariat stratégique Capacité Motorisée (CaMo), avec l'armée de Terre belge, constitue en cela une opportunité et un défi extraordinaires.

Je souhaite donc inscrire l'armée de Terre dans une dynamique permettant d'intégrer d'autres pays dans la communauté Scorpion. C'est comme cela que l'on contribuera à construire une culture de défense européenne. Je pense aussi à tout le bénéfice que cette dynamique apportera à l'initiative européenne d'intervention.

Enfin, l'armée de Terre doit, comme toujours, se tourner vers les Français, parce que nous avons un rôle à jouer dans la cohésion nationale qui est notre premier niveau de résilience. Je pense notamment à notre jeunesse, à qui nous pouvons le plus apporter – jeunesse qui est bien évidemment notre vivier de recrutement. À ce titre, le service national universel (SNU), qui est un projet de société ambitieux, concerne aussi l'armée de Terre qui y consacrera les moyens justement nécessaires, en veillant toutefois à ne pas obérer ses capacités opérationnelles.

Je vous propose maintenant de partager avec vous mes trois priorités.

Pour être à la hauteur des défis à venir, il nous faut d'abord une armée de Terre disposant des moyens matériels nécessaires et suffisants. Il nous faut aussi une armée de Terre qui rehausse son niveau d'exigence opérationnelle. Il nous faut surtout une armée qui valorise celles et ceux qui s'engagent pour leur pays.

En termes de moyens capacitaires, nos objectifs dans le cadre de la LPM 19-25 restent identiques : il s'agit d'achever la réparation et de poursuivre la modernisation de l'armée de Terre. C'est ce que permet parfaitement ce projet de loi de finances.

Sur le plan capacitaire, nous avons un dilemme à résoudre : comment surclasser un adversaire qui sera demain symétrique, tout en étant capables de nous opposer à un adversaire qui se fond dans la population et qui est doté de capacités dites nivelantes – roquettes ou engins explosifs improvisés.

Notre réponse, c'est le programme Scorpion, issu d'une réflexion de fond menée par l'armée de Terre depuis quinze ans sur le combat collaboratif. Pour l'expliquer de manière assez simple, il faut d'abord essayer d'imaginer ce qu'est le combat aéroterrestre aujourd'hui.

Comme vous le voyez sur l'image projetée à l'écran, le milieu Terrestre se caractérise par une dispersion doublement nécessaire. Elle est nécessaire pour couvrir et contrôler le terrain et échelonner les différents moyens de combat : les unités de mêlée et de renseignement de contact, avec des moyens d'appui très en avant – génie par exemple ; les unités d'appui légèrement en arrière, comme l'artillerie, les moyens de guerre électronique ou de renseignement ; les postes de commandement tactiques et les unités logistiques en attente ; les postes de commandement opératifs et les moyens de soutien plus lourds.

Mais cette dispersion est aussi nécessaire pour éviter d'être concentrés et de constituer une cible, dans la mesure où la guerre moderne devient une guerre de ciblage. Scorpion nous permettra de gagner dans ce type de guerre, grâce à la supériorité informationnelle, mais surtout grâce à notre supériorité décisionnelle.

Les véhicules de la gamme Scorpion sont des plateformes de haute technologie interconnectées qui nous feront entrer dans une nouvelle ère : celle du combat collaboratif, de la robotique et de l'intelligence artificielle. Ce web ou cette 5G du combat Terrestre va nous entraîner assez loin, notamment en termes de doctrine et de procédures. Nous avons encore beaucoup de choses à découvrir et à affiner dans ce domaine. Des structures comme le Battle Lab Terre, à Satory, et la Force d'expertise du combat Scorpion (FECS), à Mailly, sont essentielles.

Pour en terminer avec Scorpion, notre objectif est de déployer, sur un théâtre opérationnel, un premier groupement tactique interarmes pour la fin de l'année 2021. Pour cette raison aussi, il ne faut pas de retard dans les livraisons des nouveaux matériels.

Dans l'environnement aéroterrestre que je viens de vous décrire, les drones ont déjà toute leur place. L'armée de Terre, précurseur dans l'emploi des drones, renouvelle d'ailleurs son segment tactique avec le Patroller, de 18 mètres d'envergure, qui volera à 3 000 mètres, et élargit sa capacité jusqu'aux plus bas échelons avec les nano-drones du combattant comme le Black Hornet, qui pèsera 18 grammes pour quelques centimètres et volera jusqu'à 50 mètres d'altitude. En 2023, l'armée de Terre disposera d'une flotte d'environ 1 200 drones, pour moins de 200 aujourd'hui.

Mais une armée, et d'autant plus l'armée de Terre, c'est aussi un nombre considérable d'équipements qui protègent nos soldats, tout en augmentant leur capacité d'agression. Je pense au fusil d'assaut HK 416, aux jumelles de vision nocturne (JVN), au système modulaire balistique (SMB) ou encore au treillis F3. Ces équipements sont d'ailleurs d'emblée projetés en opérations, où ils apportent une plus-value immédiate face à une menace en constante évolution. C'est, je pense, la première chose que l'on doit à nos soldats : leur donner les moyens de réaliser leur mission.

Ma deuxième priorité est d'élever le niveau d'exigence de la préparation opérationnelle. Pour s'entraîner correctement, il faut du temps et du potentiel pour nos matériels majeurs. C'est ce que la LPM 19-25 prévoit, pour nous permettre d'atteindre, à terme, certains seuils minimums : 1 100 kilomètres par équipage de véhicule de l'avant blindé (VAB) ou de Griffon ; 110 coups pour les servants de CAESAR ; ou encore 200 heures de vol par équipage d'hélicoptère.

L'entrée dans Scorpion va augmenter le poids de la formation et de la préparation opérationnelle nécessaires, pour prendre en compte les nouveaux matériels, identifier de nouvelles tactiques, faire évoluer les procédures, ce qui va encore augmenter dans l'absolu le plan de charge des unités. Pourtant, les journées dureront toujours vingt-quatre heures et il n'y aura que sept jours par semaine. Il nous faudra nous réorganiser pour gagner du temps. Je veux retrouver des marges de manoeuvre, au profit de l'entraînement en garnison, en particulier.

Le plan stratégique devra apporter également des solutions à cette problématique, grâce à des mesures d'organisation et de simplification internes. C'est aussi tout l'apport des moyens modernes de simulation qui constituent des compléments indispensables à l'entraînement sur le terrain.

Ma troisième priorité, qui est la première en réalité, c'est le soldat de l'armée de Terre, qui constitue notre plus grande richesse. Je voudrais d'abord vous rappeler qui est le soldat de l'armée de Terre. Vous le connaissez bien, mais les Français un peu moins. Le milieu Terrestre, nous l'avons vu, est naturellement abrasif et rugueux. Dans le combat moderne, il faut rappeler une dimension supplémentaire que nous avons identifiée tout à l'heure : la dispersion. Par nature, le combattant Terrestre, quels que soient son niveau et sa fonction, se retrouve isolé, tout seul dans le pire des cas, avec son chef immédiat dans le meilleur, c'est-à-dire un caporal ou un sergent. C'est une dimension très forte, psychologiquement, moralement et intellectuellement. Ce soldat porte parfois à lui seul la réussite ou l'échec de la mission.

Il existe ainsi, structurellement, une grande décentralisation des responsabilités dans les unités de l'armée de Terre. Il faut par conséquent développer le sang-froid et l'intelligence de situation chez nos soldats. Il leur faut aussi une intelligence plus technique pour mettre en oeuvre des systèmes d'armes de haute technologie.

Nos hommes, ce sont d'abord nos chefs. J'attache donc beaucoup d'importance à la qualité du commandement qui doit développer les forces morales, lesquelles sont un vrai facteur de supériorité opérationnelle. Le chef joue, plus que jamais, un rôle central dans une armée moderne.

Nous devons apprendre à nos soldats la ténacité, l'audace, le souci de l'autre et le courage physique et intellectuel. Les jeunes qui nous rejoignent ont aussi soif de sens et de repères. Nous devons leur donner ce qu'ils viennent chercher, en leur proposant un référentiel éthique fort.

C'est la raison pour laquelle l'armée de Terre doit être plus encadrée. Vous le savez, notre taux d'encadrement de 11,2 % est l'un des plus bas parmi les armées de Terre occidentales qui atteignent généralement les 15 %. Notre objectif est d'atteindre, dans un premier temps, les 13 %. Cet encadrement de qualité est aussi la clé de la formation et de la fidélisation de nos soldats. Efficace en termes de recrutement, parce qu'elle demeure attractive, l'armée de Terre réalisera ses effectifs en 2020, comme elle l'a fait en 2018 et s'apprête à le faire en 2019.

Néanmoins, cet équilibre est fragile. En effet, dans le monde de plus en plus concurrentiel dans lequel nous vivons, il est essentiel que l'armée de Terre ait les moyens de rester attractive, pour capter et savoir garder les compétences humaines et techniques de plus en plus pointues de nos soldats.

Pour cela, nos hommes ont besoin de considération, à la hauteur de leur engagement et de leur sacrifice. Vous les avez vus en garnison, à l'entraînement, sur les théâtres d'opération, et vous savez combien ils sont dévoués à leur pays et à leur armée. Bien sûr, il leur arrive de faire des erreurs, voire des fautes. Ils sont sanctionnés quand c'est le cas. Mais je regrette qu'ils souffrent parfois d'une image d'Épinal qui a la vie dure dans notre pays : celle d'exercer un métier facile et sous-qualifié. C'est évidemment très loin de la réalité, et ils ne méritent pas cela.

Il faut donc veiller à bien les traiter, en se donnant notamment des moyens en termes de rémunération, de soutien aux blessés et d'infrastructures. C'est en cela que la volonté de la ministre des armées de nous redonner de la subsidiarité, par exemple avec le transfert d'une partie du budget infrastructures, est perçue de manière très positive et nous oblige en termes de résultat. Le plan Famille est aussi une belle opportunité qu'il nous faut mieux exploiter pour répondre aux fortes attentes : accompagnement de la mobilité, accompagnement des familles pendant l'engagement opérationnel. On peut demander beaucoup à nos soldats, mais ils aiment se sentir soutenus.

J'espère vous avoir permis de comprendre comment j'appréhende ma mission et quelle est ma perception des enjeux auxquels l'armée de Terre va devoir faire face. Vous savez également ce qui me tient à coeur. Je vous remercie pour votre attention.

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