Intervention de Alexis Corbière

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Merci, monsieur le président, de m'accueillir au sein de votre commission ; merci, chers collègues, de supporter ma présence. (Sourires.)

Je me réjouis que l'apprentissage de la conduite qui concerne 1,5 million de jeunes chaque année soit de nouveau à l'ordre du jour. Nous partons tous du même constat : le permis de conduire arbore l'étiquette de premier examen de France mais il n'en reste pas moins un obstacle difficile à franchir pour de nombreux jeunes, pour des raisons liées non à sa complexité mais à son coût. Les chiffres affichés dans les vitrines d'auto-écoles parlent d'eux-mêmes. Le forfait de base avoisine les 1 300 euros pour un tarif de vingt heures de conduite en moyenne. Un tel apport rend parfois inaccessible cette épreuve dont l'utilité n'est plus à démontrer dans notre société, qu'il s'agisse de l'obtention d'un emploi ou de l'émancipation personnelle.

C'est en tenant compte de ces difficultés que nous avions décidé de présenter une proposition de loi visant à instaurer un service public gratuit de permis de conduire comprenant l'apprentissage du code. Certains points avaient fait débat. L'une des questions récurrentes portait sur l'articulation entre l'éducation nationale et les auto-écoles. À notre sens, les 12 000 écoles de conduite, les 50 000 moniteurs constituent un apport fort à prendre compte pour réaliser le projet qui nous est présenté aujourd'hui.

Autre point qui mérite d'être mis en lumière : comme d'autres secteurs, les auto-écoles sont confrontées à une « ubérisation » sans limite. Nous le savons trop bien, la promesse du low-cost soutenue, disons-le clairement, par le président Macron, n'est qu'un mirage qui se dissipe devant nous. Ces plateformes en ligne, que je ne nommerai pas, se révèlent peu sûres pour les jeunes conducteurs et précaires pour les instructeurs. D'où la nécessité d'une formation encadrée dès le lycée.

Nous nous prononçons pour un véritable service public de l'éducation. Les murs des lycées doivent réunir toutes les conditions pour l'émancipation de chaque élève. Le code prépare à la mobilité, donc à l'autonomie. Son apprentissage dès le lycée s'insère dans une perspective émancipatrice. L'acquisition du permis B qui suit généralement l'apprentissage du code constitue à ce titre un levier incontournable. Il s'agit, en outre, d'un préalable déterminant pour l'insertion professionnelle.

Enfin, le présent texte tient compte de la transition écologique à l'instar de ce que nous proposions l'an dernier. L'absence d'un réseau de transport public étendu dans de nombreux territoires contraint à l'utilisation de la voiture individuelle. Rappelons que seulement 12 % des déplacements des Parisiens s'effectuent en voiture alors que 50 % de l'espace public de la ville lui sont dédiés. Face à cela, une sensibilisation à l'environnement s'impose comme une évidence le plus tôt possible.

Pour toutes ces raisons, cette proposition de loi nous semble aller dans le bon sens, même si elle gagnerait à être plus précise sur certains points. Elle se concentre sur l'examen du code, qui est une première étape. Nous regrettons toutefois qu'elle n'aille pas jusqu'à l'obtention définitive du permis. Il s'agit d'une première avancée et nous voterons en sa faveur.

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