Intervention de Angèle Préville

Réunion du jeudi 7 novembre 2019 à 9h30
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Angèle Préville, sénatrice, rapporteure :

– Je vais d'abord présenter quelques éléments de contexte, notamment l'explosion de l'usage des plastiques.

Le plastique est une invention relativement nouvelle. Si les premiers plastiques synthétiques sont apparus au début du XXe siècle – le nylon a été inventé dans les années 30 –, il faut attendre les années 50 pour que le plastique se généralise dans de nombreux objets de la vie quotidienne (textiles, jouets, emballages, etc.).

Il a connu un essor considérable, puisque sa production mondiale, qui atteignait deux millions de tonnes au début des années 50, s'élevait à 359 millions de tonnes en 2018. Il est désormais le troisième matériau le plus fabriqué au monde, après le ciment et l'acier. En raison de son coût faible de production, de sa légèreté, de sa stabilité, il s'est imposé face aux autres matériaux (verre, bois, carton, papier, métaux, etc.).

La production de plastiques n'a cependant littéralement explosé que depuis les quinze dernières années. Ainsi, on estime que sur les 7,8 milliards de tonnes produites entre 1950 et 2015, 3,9 milliards de tonnes, soit la moitié, ont été produites depuis 2002.

Cette forte croissance de la production plastique est tirée par l'exubérance du secteur de l'emballage, qui constitue le premier débouché des plastiques et par l'industrie textile, conditionnant notre dépendance à ce matériau.

Pourtant, l'utilisation du plastique pour l'emballage est un non-sens écologique : c'est un matériau à durée de vie très longue - certains plastiques pourraient perdurer pendant plusieurs centaines d'années - pour une utilisation de quelques heures à moins d'un an.

La pollution plastique a d'abord été détectée dans les océans et a été fortement médiatisée. En effet, c'est la pollution la plus visible ; tout le monde a vu des images de tortues, de grands mammifères marins et d'oiseaux morts, soit étranglés par des plastiques, soit parce qu'ils en avaient ingéré. Les déchets ménagers ne sont pas toujours triés, donc sont peu recyclés voire abandonnés au bord des routes, dans les rues ou dans la nature : ils sont à l'origine de la pollution qu'on connaît sur terre. Ces déchets, transportés par les vents, entraînés par les pluies, empruntent le chemin des égouts, des rivières et des fleuves, pour finir dans les océans. Les quantités croissantes de déchets, les comportements inadaptés et un système imparfait de gestion des déchets sont les principales causes de cette pollution, accentuée par les catastrophes naturelles comme les crues et les tsunamis.

Les chiffres d'un rapport récent du World Wildlife Fund (WWF) sur le plastique en Méditerranée sont éloquents : en 2018, la production de plastiques par les pays du pourtour de la Méditerranée s'est élevée à 37,8 millions de tonnes, dont 24 millions de tonnes - soit plus de 63 % - sont devenus des déchets.

Au niveau mondial, 9 % des déchets de plastique sont recyclés, 12 % sont incinérés et le reste se retrouve dans la nature, dont la moitié dans les mers et les océans. Cette mauvaise gestion des déchets conduit à un rejet massif des plastiques dans l'environnement et entraîne une pollution croissante des sols, des rivières, des mers et de l'atmosphère. À l'occasion des 80 ans du CNRS, j'ai rencontré des chercheurs au pic du Midi qui, même à cette altitude, détectaient des plastiques dans l'air.

Les déchets plastiques ont également une origine marine : pêche (professionnelle et, dans une moindre mesure, de loisir), conchyliculture, activités nautiques de plaisance, activités portuaires, transport maritime génèrent tous des déchets plastiques.

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