Intervention de Gilles Lurton

Séance en hémicycle du lundi 2 décembre 2019 à 18h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Lurton :

S'il ne fallait qu'une raison d'ailleurs, l'article 3 la constituerait à lui seul. Nous demeurons résolument opposés à l'absence de compensation par l'État des mesures d'urgence d'ordre économique et social faisant suite à la crise des gilets jaunes. Ce n'est pas à la sécurité sociale, dont vous annonciez l'an dernier – à grand renfort de communication – le retour à l'équilibre, de supporter ce nouveau déficit ; nous estimons que vous prenez de graves décisions qui engagent votre responsabilité pour l'avenir.

Lors de sa deuxième lecture en fin de semaine, le Sénat a amendé l'article 3 pour supprimer ces dispositions de non-compensation. Ce soir, nous revenons cependant au texte de l'Assemblée nationale et toutes les mesures que le Sénat a adoptées seront hélas balayées d'un revers de la main.

Vous vous apprêtez d'ailleurs à balayer de même toutes les autres améliorations que le Sénat a apportées au texte. Je pense notamment à la suppression de l'obligation faite aux employeurs de mettre en place un accord d'intéressement pour reconduire la « prime Macron ».

Je pense également aux économies que vous imposez au secteur du médicament, qui compromettent gravement les capacités d'innovation de notre industrie pharmaceutique ; à l'hôpital sacrifié et relégué au rang de variable d'ajustement alors que depuis le mois de mars, un mouvement social inédit s'amplifie dans les services d'urgences.

Je pense aussi à l'article 29 et à votre choix d'abroger la possibilité donnée depuis 2014 aux pharmaciens d'officine de substituer un médicament biosimilaire moins coûteux.

Je pense à votre choix de transférer le financement de Santé publique France vers l'assurance maladie.

Je pense enfin à l'absence totale de véritable politique familiale dans ce texte, alors même que nous vous alertons sur la diminution du nombre de places en crèche créées : 2 000 places de moins qu'en 2017. Nous le savons aujourd'hui, votre objectif de créer 30 000 places de crèches entre 2018 et 2022 dans le cadre du plan pauvreté ne peut plus être atteint.

Et que penser du sort que l'article 49 réserve aux assistantes maternelles ? Celles-ci sont révoltées que vous leur imposiez de publier leur identité et leurs coordonnées sur le site de la CNAF – Caisse nationale des allocations familiales.

Que penser de la désindexation des allocations familiales et des pensions de retraite ?

Compte tenu de la gravité de la situation, vous venez de publier un plan d'urgence pour l'hôpital dont j'approuve certaines mesures, tout en regrettant que les personnels soignants de province aient le sentiment d'être totalement mis à l'écart. Cependant, nous vous mettons en garde : ce plan est loin de répondre à la crise que traverse notre système de santé.

Votre PLFSS illustre votre manque de vision de l'avenir. Le groupe Les Républicains ne le votera donc pas.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.