Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 3 décembre 2019 à 15h00
Lutte contre l'antisémitisme — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

… cette proposition de résolution a moins pour objectif de débusquer l'antisémitisme que de réaffirmer un soutien à un État étranger, au nom de la philosophie du choc des civilisations à laquelle adhèrent les États-Unis et le gouvernement israélien actuel. Nous revendiquons, au contraire, le droit inaliénable à la liberté d'opinion, à la critique des idéologies ou religions, y compris quand elles sont pratiquées dans un État étranger.

Il s'agit seulement, dites-vous, de mieux définir l'antisionisme pour qu'il ne serve pas à camoufler l'antisémitisme. C'est une préoccupation que l'on peut partager. Encore faudrait-il prouver, chers collègues, que la justice est impuissante face à un tel camouflage. Or les jugements récents montrent plutôt le contraire : les personnes qui ont utilisé de manière évidente « sioniste » à la place de « juif », ont été condamnées.

D'un autre côté, les exemples auxquels vous vous référez, c'est-à-dire ceux cités par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste, montrent toute l'ambiguïté de la question qui est ici posée. Il en est ainsi, notamment, de l'affirmation selon laquelle l'antisémitisme peut se manifester par « le traitement inégalitaire de l'État d'Israël, à qui l'on demande d'adopter des comportements qui ne sont ni attendus ni exigés de tout autre État démocratique ». Comment allez-vous définir ce qu'est une critique supportable à l'égard de l'État d'Israël ?

Est-il ou non admissible de dire qu'un État qui enfreint toutes les résolutions de l'ONU, transforme en bantoustans les territoires occupés palestiniens, expulse les Palestiniens de Jérusalem Est et distingue dans sa nouvelle loi fondamentale plusieurs types de citoyenneté en fonction de la religion pratique une forme d'apartheid ? La question mérite d'être posée, dès lors que cette définition est à l'origine de l'interdiction des campagnes de boycott de produits israéliens dont nous pouvons admettre, quoi que nous en pensions, qu'elles n'ont aucun rapport avec l'antisémitisme mais tout à voir avec une critique radicale et légitime d'un État qui enfreint les décisions de l'ONU.

En 2018, à propos de la loi fondamentale définissant Israël comme l'État-nation du peuple juif et non plus comme l'État démocratique juif, le journal Le Monde parlait d'une vision « ethniciste » de la société. Pourra-t-on encore le dire après l'adoption de cette loi –

1 commentaire :

Le 09/12/2019 à 20:11, Laïc1 a dit :

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"Est-il ou non admissible de dire qu'un État qui enfreint toutes les résolutions de l'ONU, "

Israël ne peut pas se permettre d'enfreindre les résolutions de l'ONU, l'ONU est le garant du droit international , et Israël ne peut pas s'affranchir du droit international, cela ne peut qu'alimenter le ressentiment contre Israël, et donc favoriser une certaine forme d'antisémitisme.

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