Intervention de Frédéric Petit

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 16h50
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit :

Ma question rejoint un peu la question précédente. J'aimerais savoir où en sont concrètement nos discussions avec ces pays de l'Europe de l'Est, dont on dit qu'ils ont plus peur de la Russie que du front sud. Je voudrais savoir dans quel esprit nous discutons avec eux ? Vous avez utilisé l'expression « enjeux européens » mais, pour les définir, encore faut-il être sûr qu'ils sont partagés. La réaction du président du Conseil européen, M. Donald Tusk, à la déclaration de notre Président a été lue, pour beaucoup dans notre pays, comme une réaction de désaccord, alors qu'en fait c'est plutôt un questionnement à partir de l'idée « vous n'avez pas vécu ce que nous avons vécu avec la Russie, vous ne pouvez pas savoir ». Pour ma part, j'y vois plus un problème interculturel qu'un désaccord sur le fond. La Pologne n'a pas envie d'attaquer la Turquie, il faut être clair. Quant à la réaction de l'Estonie, ce n'est pas un hasard : il y a en Estonie une région qui ressemble beaucoup à la Crimée d'il y a dix ans. Les gens ont ces inquiétudes, mais on sait qu'il faut arriver à quelque chose. J'ai le sentiment que dans les discussions que nous avons avec ces pays, nous essayons de les convaincre au lieu d'essayer de les intégrer. Or, si l'on parle d'enjeux européens, il faut que leur définition soit inclusive et n'oblige pas à choisir entre deux options.

Je crois que nous allons aussi vers un combat avec nos opinions publiques. Nous sommes un des derniers pays où l'engagement militaire est un engagement citoyen. Je crois que cette définition des « enjeux européens » doit faire l'objet d'un travail avec les peuples, avec leurs représentants, de façon inclusive. J'ai peur que, si on ne fait pas ce travail, les citoyens des différents pays aient de plus en plus envie de se décharger des problèmes et de moins en moins envie de donner leur vie pour leur pays.

Je voudrais donc savoir dans quel esprit se déroulent les discussions avec nos partenaires et où elles en sont au sein de l'Union européenne, en particulier sur la construction de la défense européenne ?

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