Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du mercredi 27 novembre 2019 à 16h50
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Puisque monsieur le ministre revient de Chine, peut-il nous donner des nouvelles de nos ressortissants français, particulièrement de Laurent Fortin ?

Le premier sujet que je voulais aborder a trait à l'expulsion d'Omar Shakir, le représentant d'Human Rights Watch en Israël et en Palestine, qui travaillait sur les atteintes aux droits humains commises par Israël, par l'Autorité palestinienne ou par le Hamas. L'ONG a rappelé qu'Israël rejoint la triste liste des pays qui ont expulsé ses représentants, comme l'Iran, l'Égypte ou le Venezuela. Pour bien comprendre cette expulsion, il faut remonter un peu dans le temps, en mars 2017 : un amendement à la loi régissant l'entrée sur le territoire a habilité Israël à refuser l'entrée dans le pays aux personnes qui appellent publiquement au boycott d'Israël. Dès l'année suivante, les autorités israéliennes ont révoqué le permis de travail d'Omar Shakir pour ce motif, contesté en justice par son ONG. Le procès a validé le motif d'expulsion de M. Shakir, à nouveau validé par la Cour suprême israélienne au début de ce mois. L'interprétation judiciaire repose sur le fait que les activités de plaidoyer et de recherche de M. Shakir – indiquant que les entreprises qui travaillent dans les colonies israéliennes sont illégales du point de vue du droit international – sont considérées comme étant un appel au boycott d'Israël. C'est la première fois que le gouvernement se sert de la loi de 2017 pour expulser une personne qui résidait légalement en Israël. La diplomatie française s'inquiète-t-elle de cette expulsion néfaste pour Israël comme pour les droits de l'homme dans la région ? La diplomatie française a-t-elle rappelé à Israël que l'occupation des colonies était illégale du point de vue du droit international et que critiquer un point de droit international ne pouvait porter atteinte au statut d'un ressortissant ?

J'en viens à l'arme nucléaire. Le 23 novembre, à l'occasion d'une cérémonie avec les hibakusha, comme sont appelés les survivants des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki, le pape François a insisté sur le fait que « l'utilisation de l'énergie atomique à des fins militaires est aujourd'hui plus que jamais un crime non seulement contre l'homme et sa dignité mais aussi contre toute possibilité d'avenir dans notre maison commune ». Cette déclaration porte donc à nouveau la lumière sur les véritables dégâts du nucléaire militaire. Il met en péril l'environnement et l'humain. Je le dis souvent aux jeunes : on peut se battre pour préserver le climat en se disant que dans dix, vingt ou trente ans peut-être, notre planète deviendra invivable. Il faut savoir que dans cinq minutes, si on était amené à utiliser l'arme nucléaire, si elle était déclenchée, notre planète deviendrait invivable. Cinq minutes… La question de l'arme nucléaire est posée avec force et suite à cette rencontre avec les hibakusha, le pape a rappelé les choses à la veille de la conférence du traité de non-prolifération, qui se tiendra en mai 2020. La France va-t-elle tenter de faire avancer les discussions, notamment sur le désarmement complet ? Continuera-t-elle à ignorer les efforts des militants de la paix qui tentent de faire entrer en vigueur le traité d'interdiction des armes nucléaires ? Où en est la France sur le traité d'interdiction de production des matières fissiles ? Où en est la diplomatie française pour faire entrer en vigueur le traité d'interdiction des essais nucléaires ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.