Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 31 octobre 2017 à 21h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Mission justice (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Symbole de la situation inquiétante des prisons françaises, Fleury-Mérogis déplorait un taux d'occupation avoisinant les 180 % en septembre 2016. En 2017, la France atteint un record alarmant avec 69 430 détenus pour seulement 58 664 places opérationnelles. Cette surpopulation explosive est un terreau propice à tous les excès, violences et deals, ainsi qu'à la radicalisation islamiste.

Le personnel pénitentiaire, quant à lui, est à bout. Ses agents ou leurs familles font parfois l'objet de menaces de mort. Les agressions sont nombreuses, trop nombreuses. La dernière en date, relatée par la presse, a eu lieu le 19 septembre dernier à Amiens. Les mots d'un des gardiens de cette prison sont durs, mais justes : « Nous devons faire comprendre à ces bandits qu'ils sont chez nous et que c'est maintenant sang pour sang. On ne touche pas à un des nôtres en toute impunité. Il est l'heure de faire stopper l'hémorragie et cela passe par de sévères sanctions disciplinaires ».

Si la prison de Fleury-Mérogis est emblématique, c'est qu'elle est la plus grande d'Europe. Mais la question de la surpopulation concerne toutes les prisons, y compris celle de Béziers, située dans ma circonscription, qui compte quelque 1 000 détenus alors qu'elle est prévue pour en contenir 809. Alors qu'elle est construite depuis cinq ans à peine, le taux de surpopulation y est déjà de 120 %. Constat encore plus inquiétant : plus les prisons sont pleines, moins il y a parfois de personnels. À Béziers, il n'y avait en 2016 que 183 gardiens contre les 203 réglementaires. L'ancien garde des sceaux, Jean-Jacques Urvoas, reconnaissait qu'il fallait d'urgence construire entre 10 000 et 16 000 cellules individuelles supplémentaires. Où en sommes-nous ?

Face à une situation qu'il n'est pas exagéré de qualifier de déplorable, je vous propose de nous donner les moyens de construire un nombre suffisant de places de prison, parce qu'un délinquant derrière les barreaux est un délinquant dont les Français sont à l'abri. Pour cette raison, je propose un transfert vers la construction de places de prison de 25 millions d'euros en provenance de l'action sociale en faveur des personnels du ministère de la justice, qui envisage notamment de dépenser 4,6 millions pour le logement et 6,19 millions pour les vacances.

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