Intervention de Fabienne Barboza

Réunion du mardi 3 décembre 2019 à 17h30
Commission des affaires sociales

Fabienne Barboza :

Madame Fiat, à l'oral des deux concours d'aide-soignant que j'ai passés, à Clermont-Ferrand et à Vichy, ce n'est pas mon empathie qui a été évaluée, ni la façon dont je m'occupais des personnes âgées. Mes examinateurs m'ont d'abord demandé d'où je venais, pourquoi j'avais choisi ce métier et qu'est-ce qui m'avait amenée à passer le concours – jusque-là, tout allait bien. Puis j'ai eu à commenter un texte sur l'évolution de la génération 2.0 face aux anciens. Mais dans les stages que j'avais effectués, à aucun moment on ne m'avait parlé de la génération 2.0 ! Ils étaient centrés sur les soins, l'accompagnement des repas ou de la toilette.

Cela pour dire que les examinateurs de l'épreuve orale du concours n'évaluent pas seulement l'empathie des candidats. C'est pourquoi, lorsqu'elle parle de supprimer le concours, Mme El Khomri vise seulement l'épreuve écrite. D'autant que les personnes que nous avons auditionnées nous ont dit que 60 % des aides-soignantes avaient le bac, ce qui les dispense de passer l'épreuve écrite.

Madame Firmin Le Bodo, je n'ai pas seulement travaillé dans des structures innovantes comme Alenvi ; j'ai débuté dans le milieu associatif. Vous dites que les services d'aide à domicile ne se sentent pas bien ; les auxiliaires de vie non plus.

Le 3 juillet je témoignais au ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse. Pour illustrer votre remarque sur l'obsolescence de l'APA, une coordinatrice a fait remarquer la difficulté de respecter le plan d'aide prévoyant une toilette en 30 minutes. Elle a ajouté que les auxiliaires de vie ne voulaient pas travailler dans certains immeubles où il y a de la délinquance. Pour moi, la délinquance n'a pas sa place dans la discussion : il n'est question que des personnes âgées et du temps de travail. On ne peut pas demander à une auxiliaire de venir travailler 30 minutes si elle habite à une heure du domicile, ce qui représente deux heures de déplacement pour elle.

Autre exemple, l'évaluation APA pour des interventions auprès de patients atteints de la maladie de Crohn – caractérisée par des diarrhées chroniques et l'impossibilité pour les malades de manger de tout – n'alloue que trois heures d'aide par semaine alors qu'il en faudrait treize. Nous avons dû batailler pour obtenir une nouvelle évaluation de l'APA : une heure de plus ! Je ne sais pas ce qu'il est possible de faire avec cette allocation mais je partage le point de vue selon lequel elle est obsolète.

Parallèlement, certains services d'aide à domicile devraient peut-être refuser d'accompagner tout le monde. Il est plus facile d'accompagner cinq bénéficiaires que de trouver une bonne auxiliaire, que vous pouvez fidéliser et qui fera le travail correctement.

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