Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du lundi 16 décembre 2019 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Nous nous retrouvons, à l'occasion de la nouvelle lecture de loi de finance pour 2020, dans un climat social qui n'est guère plus apaisé qu'il y a un an, c'est le moins qu'on puisse dire. Le 10 décembre 2019, le Président de la République avait annoncé une série de mesures qui, aujourd'hui, pèsent lourdement sur l'équilibre de nos finances publiques.

L'effort de baisse du déficit dans ce PLF est le moins ambitieux depuis dix ans : 0,1 % – notre déficit atteindra ainsi le double de celui de la moyenne de la zone euro. Les dépenses publiques repartent à la hausse, de plus 0,4 % en volume, soit environ 20 milliards d'euros hors crédits d'impôt. De même que la trajectoire de la boule de billard prolonge le geste du joueur, la stagnation du déficit à un niveau aussi élevé est le prolongement de votre politique.

On me taxera sans doute d'être comptable ou de sacrifier à l'orthodoxie budgétaire – c'est ce que j'entends souvent dire lorsque nous plaidons pour une réduction des dépenses et des déficits. Mais l'orthodoxie, en France, consiste au contraire à dépenser l'argent que l'on n'a pas en faisant peser cette dépense sur le dos des générations futures. De ce point de vue, le présent budget n'échappe malheureusement pas à la tradition. C'est pourtant notre souveraineté budgétaire qui est en jeu ; à poursuivre dans cette voie, nous finirons un jour par la perdre.

Pour évoquer une actualité brûlante à cet égard, je crains que la réforme des retraites ne nous coûte en réalité très cher. Si un certain nombre de mesures présentées la semaine dernière doivent être soutenues, la première des justices, celle que l'on doit aux générations futures et déjà aux jeunes actifs d'aujourd'hui, c'est l'équilibre financier de notre régime par répartition ; sinon, le système exposera. L'équilibre financier est un paramètre systémique.

Notre modèle social est l'un des plus généreux au monde, mais l'insatisfaction sociale n'en est pas moins particulièrement forte en France. La vérité, c'est que nous ne résoudrons pas ce problème français, ce paradoxe français par des déséquilibres financiers. Le Sénat, de ce point de vue, est souvent allé dans le bon sens avec les modifications qu'il a apportées au texte, et je ne doute pas, bien entendu, que la majorité souscrira à la plupart d'entre elles – elle ne l'a pas fait en commission, mais je suis sûr qu'elle va se ressaisir.

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