Intervention de Patricia Lemoine

Séance en hémicycle du lundi 16 décembre 2019 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatricia Lemoine :

Avec plus de 392 articles, le projet de loi de finances pour 2020 modifié par le Sénat est devenu un texte obèse. Au milieu des nombreuses mesures qu'il propose, on en perd donc parfois les lignes fortes.

Elles sont pourtant claires et les Français en verront les conséquences concrètes : la pression fiscale va diminuer pour les ménages comme pour les entreprises ; la baisse de l'impôt sur le revenu de 5 milliards d'euros et la suppression de la taxe d'habitation sont des mesures en faveur du pouvoir d'achat – ce n'est pas par hasard si le Sénat les a confirmées dans leur principe. Il s'agit donc d'un budget plus juste, d'un budget en faveur de nos concitoyens.

Malheureusement, ces différentes mesures sont, une fois encore, financées par un surcroît de déficit public et se traduisent par l'absence de véritables économies. L'exemple le plus flagrant de ce manque d'effort est le niveau de notre déficit structurel, qui ne reviendra pas à 2,2 % du PIB en 2020.

Il est regrettable que la sincérité qui a caractérisé les budgets depuis le début du quinquennat ne s'accompagne pas d'un plus grand esprit de responsabilité en matière de réduction des dépenses publiques, afin d'éviter que les générations futures ne paient le prix de notre endettement croissant.

Tâchons cependant de faire de la fin de l'examen du projet de loi de finances pour 2020 un exercice utile, qui nous permettra d'approfondir certains choix effectués en première lecture. Celle-ci nous avait laissé un goût amer en raison des nombreuses modifications de crédits, des annulations en seconde délibération et de l'adoption d'amendements de dernière minute.

L'examen du texte en nouvelle lecture sera également utile pour compléter certaines mesures moins visibles que les baisses d'impôts, mais tout aussi concrètes pour nos concitoyens et nos territoires, comme la demi-part fiscale des veuves, mesure améliorée par le Sénat, ou le maintien du PTZ – prêt à taux zéro – dans le neuf en zone rurale, à compter du 1er janvier 2020 – c'est une avancée importante, que notre groupe avait lui-même défendue ici.

La nouvelle lecture sera utile également pour prendre date sur certains débats qui n'ont pas été épuisés : l'avenir des dispositifs fiscaux attachés aux zones de revitalisation rurale ou sur la fiscalité des activités commerciales, notamment le paiement de la TASCOM par les entrepôts de stockage dits « pure players », comme Amazon.

Elle sera utile, enfin, pour préciser et lever des interrogations qui traversent le pays, parfois en résonance avec l'actualité. Ainsi, le report d'un an du nouveau schéma de financement des collectivités territoriales par le Sénat constitue, à nos yeux, un appel à prendre le temps d'affiner le dispositif de compensation pour les collectivités de la suppression de la taxe d'habitation.

Concernant la suppression progressive du tarif réduit de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques __ TICPE __ pour le gazole non routier, nous saluons l'accord trouvé entre le Gouvernement et les représentants des entreprises du secteur des travaux publics, mais il ne doit pas devenir une source de complexité pour le secteur agricole. Par ailleurs, l'application du suramortissement à l'achat de matériel peu ou pas polluant dans le secteur du bâtiment était déjà un pas important accompli grâce à notre assemblée, en partie à l'initiative de mon groupe.

Le mouvement actuel contre la diminution du remboursement de la TICPE applicable au transport routier de marchandises nous préoccupe. Ce secteur en difficulté subissant déjà une concurrence européenne sévère, il n'est pas nécessaire de lui ajouter des contraintes supplémentaires. Si l'article devait être rétabli, il faudrait à tout le moins lisser cette suppression – nous le proposerons de nouveau.

Enfin, nous saluons l'initiative des sénateurs en faveur du pouvoir d'achat des familles : ils ont ramené le plafond du quotient familial à un niveau qu'il n'avait plus connu depuis 2014. Cette initiative doit nous inciter à relancer notre politique familiale, tout du moins pour les prochains budgets.

Comme en première lecture, le groupe UDI, Agir et indépendants approuve le projet de loi de finances pour 2020 dans sa partie fiscale, mais reste réservé sur certains points, parmi lesquels l'absence de réduction du déficit structurel et la progression continue du niveau de la dette, qui, en cas de retournement de la conjoncture, menacerait gravement notre avenir. Notre objectif commun doit être un budget toujours plus lisible, sérieux et juste.

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