Intervention de Michel Castellani

Séance en hémicycle du lundi 16 décembre 2019 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Castellani :

Nous avons bien compris que, pour le Gouvernement, l'objet de la nouvelle lecture est de rétablir le texte initial adopté par l'Assemblée en première lecture. Si nos débats conduisent à cette issue, la majorité des députés du groupe Libertés et territoire n'auront d'autre choix que de confirmer, eux aussi, leur vote du 19 novembre.

Sur le fond, nous prenons acte de l'éloignement irrémédiable par rapport à la trajectoire tracée dans la loi de programmation des finances publiques. Les éléments de langages du Gouvernement mettent en avant la faiblesse du déficit depuis 2001, mais, nous le savons, la réalité est différente. Les objectifs de 2017 – réduction de la dépense publique de 3 points, de la dette de 5 puis 8 points, et du déficit de 2 points – sont enterrés, du fait sans doute de la pression sociale. Toutes ces questions, en tout cas, méritent d'être discutées.

Quant à moi, je voudrais modestement m'attarder sur différents apports du Sénat, tout d'abord sur le chantier de la fiscalité locale, cher à notre groupe, vous le savez. Nos collègues sénateurs ont préféré reporter la réforme de la taxe d'habitation, tout en révélant certaines failles dans le schéma de compensation financière. Nous avions, pour notre part, mis le doigt, en première lecture, sur certains flous préjudiciables. Plus généralement, nous réaffirmons notre opposition à cette réforme qui va à contre-courant d'une organisation moderne de la démocratie locale, à laquelle aspirent nos concitoyens et évidemment les élus locaux.

Vous avez fait le choix de dissocier autonomie fiscale et autonomie financière ; nous le regrettons. Alors que l'instauration d'un projet de loi de finances spécifique aux collectivités territoriales, qui serait examiné annuellement par le Parlement, semble enterrée, nous posons la question de la remise à plat du panier des ressources fiscales des collectivités mais également des concours financiers de l'État. Ce chambardement de la fiscalité locale a pour origine la suppression progressive de la taxe d'habitation, qui profitera principalement aux classes moyennes et supérieures.

Qu'en est-il, par ailleurs, de cette justice sociale que vous prétendez défendre avec la diminution de 5 milliards de l'impôt sur le revenu, quand on sait que moins d'un ménage sur deux paie cet impôt ? Je voudrais le redire ici : sur le fond, il nous semble indispensable de procéder à une remise à plat de l'ensemble de l'architecture fiscale.

Dans le champ de l'écologie, nous approuvons le vote des sénateurs visant à étendre l'éligibilité des propriétaires bailleurs au CITE et nous regrettons qu'un amendement du rapporteur général ait été adopté en commission pour supprimer cette avancée. Nous approuvons également l'affectation d'une part de la fiscalité énergétique aux collectivités territoriales, qui va clairement dans le bon sens.

Malgré ces avancées du Sénat, les efforts en faveur de la transition énergétique et écologique ne sont pas à la hauteur. Or, rappelons-le, la transition énergétique est, nolens volens, un impératif incontournable. À quand, par exemple, un véritable plan d'investissement pour en finir avec nos passoires thermiques ? La transformation du CITE en prime permettra certes de mieux accompagner les ménages les plus modestes, mais l'enveloppe allouée ne suffira pas pour atteindre les objectifs de rénovation.

À cet égard, nous regrettons le rejet de la proposition de loi de nos collègues socialistes qui ambitionnait de changer de braquet pour accélérer le mouvement des rénovations et qui, malgré quelques imperfections, avait le mérite de recentrer les aides sur les travaux les plus performants et de diminuer le reste à charge pour les plus précaires.

Je terminerai en saluant plusieurs mesures, notamment de soutien au logement, adoptées au Sénat : rétablissement de la TVA à 5,5 % sur la construction et la réhabilitation des logements financés par un PLUS – prêt locatif à usage social – et de l'APL accession, et prolongation du bénéfice du PTZ dans les zones détendues. Ces mesures reprennent des propositions que nous avions défendues.

Vous l'aurez compris, en dépit de quelques satisfecit, nous sommes convaincus de la nécessité de modifier les principes des grandes orientations budgétaires. La situation fiscale de la France appelle à la fois la maîtrise des déficits publics accumulés et la prise en considération des immenses besoins sociaux et économiques du pays. C'est un redoutable défi, surtout en situation de croissance molle et dans un contexte mondial incertain. De grands chantiers restent ouverts, notamment pour une plus grande justice sociale, une véritable autonomie fiscale des territoires et dans le sens, enfin, de la révolution écologique que nous commande l'urgence climatique. Il faudra bien trouver une solution positive à tous ces problèmes, et le plus tôt sera le mieux.

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