Intervention de Emily Hamblin

Réunion du jeudi 28 novembre 2019 à 10h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Emily Hamblin, directrice régionale pour le réseau de la science et de l'innovation du ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni :

– Je vous remercie de me recevoir aujourd'hui. C'est un vrai plaisir que d'avoir l'occasion de vous présenter le système britannique de conseil scientifique auprès du gouvernement.

Sir Patrick Vallance, conseiller scientifique en chef auprès du gouvernement, aurait beaucoup aimé être là mais ne peut malheureusement pas être présent et vous prie de l'en excuser.

Je vais aborder le rôle du conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique et vous présenter le réseau des conseillers scientifiques du gouvernement, les ressources, les outils à leur disposition et vous donner quelques exemples de l'impact que ce système a pu avoir.

Le Royaume-Uni a un conseiller scientifique en chef du gouvernement depuis 1964. À l'heure actuelle, il s'agit de Sir Patrick Vallance. Avant cela, dès les années 1920, plusieurs administrations, dont le ministère de l'agriculture par exemple, ont bénéficié de conseillers scientifiques. Aujourd'hui, le conseiller scientifique en chef du gouvernement dirige un réseau de 26 conseillers scientifiques en chef, en lien avec chaque ministère, administration et d'autres organes.

Le rôle d'un GCSA (Government Chief Scientific Adviser) est quadruple. Il doit tout d'abord fournir des conseils scientifiques et présenter les défis en jeu directement au Premier ministre et à son gouvernement, y compris dans les situations d'urgence. Il est important de souligner que le GCSA a un lien direct avec le Premier ministre. Il s'agit également de s'assurer que les procédures sont en place à l'échelle de l'ensemble du gouvernement, pour étayer les processus de prise de décisions politiques en matière de sciences et d'ingénierie : il doit présenter de façon indépendante la manière dont la situation est examinée et contrôler les budgets des administrations. Il a également un rôle de supervision. Le troisième rôle du GCSA consiste à conseiller en matière de politique scientifique, technologique, d'ingénierie et de mathématiques. Il dirige également la profession scientifique et d'ingénierie dans la fonction publique et doit s'assurer que les scientifiques et les ingénieurs ont accès aux formations et aux possibilités d'apprentissage et les différentes administrations aux compétences nécessaires. Les conseillers scientifiques en chef du gouvernement sont des hauts fonctionnaires, désignés par voie de concours. Ils peuvent être issus de la fonction publique, des universités, de l'industrie ou du secteur tertiaire.

Les ressources à leur disposition pour remplir leurs rôles sont multiples. Sir Patrick Vallance bénéficie du soutien de l'office des sciences du gouvernement. Ainsi, quelque 80 scientifiques l'aident et mènent avec lui une réflexion sur le long terme. Il s'agit d'examiner les opportunités et défis scientifiques qui se présentent. Le GCSA copréside également le conseil du Premier ministre pour la science et la technologie : il s'agit d'un conseil consultatif indépendant de 20 membres, dont des universitaires, des représentants des entreprises, qui donnent des conseils sur des questions transversales relevant de la responsabilité de différentes administrations. Il se réunit une fois par semaine avec le réseau des conseillers pour savoir ce qui se passe à l'échelle des administrations. Les conseillers scientifiques ont le même rôle que Sir Vallance, mais à l'échelle des administrations. Ils se réunissent, président différents conseils scientifiques (il en existe environ 70).

Quel est l'impact de ce système ? Comment les travaux de ces conseillers éclairent-ils les politiques ? Comment fonctionnent-ils en matière de supervision de la recherche ? Quels conseils scientifiques apportent-ils ? Pour ce qui est de l'éclairage des politiques, des rapports sont élaborés et publiés, portant sur des thèmes variés, comme l'avenir des transports, la recherche, l'industrie, les océans, la technologie quantique, etc. Ces travaux ont pu aider à façonner les stratégies du gouvernement. Le conseil du GCSA a par exemple directement contribué à la conception du « Faraday Challenge », programme de 246 millions de livres visant à soutenir la recherche et l'innovation dans le secteur des batteries d'automobiles. Le GCSA a également présidé le groupe consultatif qui a examiné la question de la pollution environnementale suite à l'incendie de la tour Grenfell. Dans le domaine de la santé, les travaux du conseil des sciences et des technologies ont par ailleurs conduit au lancement d'un investissement à hauteur de 2,5 milliards de livres, intitulé « British patient capital programme ».

Pour ce qui est du conseil scientifique en situation d'urgence, le gouvernement peut demander, en cas de besoin, la constitution, en quelques heures, d'un groupe consultatif, qui se réunit quotidiennement jusqu'à la fin de la situation d'urgence, afin d'examiner les différents aspects en présence et de s'accorder sur les conseils scientifiques susceptibles d'étayer les recommandations politiques, en vue de prises de décisions par le gouvernement. Le GCSA et les CSA (Chief scientific advisers) décident ensemble des personnes les plus compétentes dans tous les domaines. Dernièrement, des groupes de ce type ont notamment été constitués lors d'inondations, d'épidémies ou d'incidents industriels. En 2011, en réaction à l'accident nucléaire de Fukushima, un tel groupe a été mis en place et a joué un rôle important en examinant les données disponibles sur l'état du réacteur avant l'accident, les données météorologiques, l'impact probable, afin d'informer le gouvernement sur la question de savoir s'il fallait évacuer les ressortissants britanniques ou non.

Les aspects de risque et d'incertitude, tout comme les délais de prise de décision, sont des défis que nous pourrons aborder ultérieurement, dans les discussions.

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