Intervention de Olga Givernet

Réunion du jeudi 28 novembre 2019 à 10h45
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlga Givernet, députée :

– M. le président, M. le vice-président, mesdames et messieurs, je vous remercie pour cet échange très intéressant, pour moi qui suis députée mais ne suis pas membre de l'OPECST. La transition technologique que nous vivons actuellement est, vous l'avez rappelé, inédite. Les progrès récents, notamment en matière d'intelligence artificielle, ont des impacts sur nos vies quotidiennes et sur les politiques publiques dans de nombreux domaines. Je salue par conséquent la structuration d'instances permettant d'apporter du conseil aux politiques en matière d'analyse de ce qu'est aujourd'hui notre monde scientifique. Actuellement, les politiques publiques peinent à prendre véritablement en compte les résultats des exercices prospectifs menés par les chercheurs, du fait peut-être d'un manque de coordination entre les différents acteurs et d'un manque d'indépendance de financement. Je citerai notamment l'exemple du centre Facebook Artificial Intelligence Research, basé à Paris, qui réunit 80 chercheurs et 20 doctorants, mais est évidemment à la main de Facebook.

Face au défi environnemental, la communauté internationale a fait émerger le GIEC, en 1988, qui dépend du programme des Nations-Unies pour l'environnement. Financé par les 195 États membres de l'ONU, qui y contribuent de manière indépendante et volontaire, le GIEC n'est pas un organisme de recherche à proprement parler, mais un lieu d'expertise visant à synthétiser les travaux menés dans les laboratoires du monde entier, en fonction d'un problème précis pour lequel les membres onusiens l'ont mandaté. En bref, il travaille à dégager clairement des éléments qui relèvent du consensus de la communauté scientifique.

Face au défi que représente l'intelligence artificielle, pourquoi ne pas faire naître dans ce domaine l'équivalent d'un GIEC, « IPCC » en anglais, financé par la communauté internationale, indépendant des GAFAM et qui évaluerait de façon objective les informations d'ordre scientifique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les enjeux liés au développement des technologies de l'intelligence artificielle ? Il est à mon sens nécessaire de créer une structure pérenne, qui permettrait à l'ensemble des acteurs internationaux de l'intelligence artificielle de compiler leurs recherches, dans une logique interdisciplinaire et de production de recommandations pour des sujets précisément définis. Ces préconisations seraient tenues à la disposition des États pour guider leurs politiques publiques. Cet organisme intergouvernemental, à la main des Nations-Unies, n'aurait pas vocation à faire de la recherche, mais pourrait contribuer à une harmonisation et un multilatéralisme autour des aspects scientifiques.

Étant députée de la troisième circonscription de l'Ain, je salue ici la présence des collègues du CERN, qui se situe sur ce territoire, ainsi que de la Nouvelle-Zélande, dont j'avais rencontré des représentants dans le cadre de l'élaboration d'accords commerciaux.

Je souhaiterais avoir votre avis sur cette proposition de création d'un équivalent du GIEC dans le domaine de l'intelligence artificielle.

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