Intervention de Esmeralda Luciolli

Réunion du mercredi 11 décembre 2019 à 15h05
Commission des affaires sociales

Esmeralda Luciolli, conseillère référendaire en service extraordinaire à la Cour des comptes :

Les transports bariatriques constituent vraiment une difficulté pour les patients. Sans doute faudra-t-il, à un moment donné, poser la question d'un financement de droit commun. Comme je l'ai dit, ces transports sont aujourd'hui financés à l'hôpital, dans le cadre d'une mission d'intérêt général, par le biais des centres spécialisés de l'obésité, qui sont également chargés de leur organisation. On leur en demande effectivement beaucoup.

Dans le cadre de la prochaine feuille de route obésité 2019-2022, leur cahier des charges va être revu. Nous avons rencontré plusieurs de leurs représentants dans les régions que nous avons visitées. Il est évident que si l'on veut les voir remplir leur mission de soins et de recherche, jouer leur rôle de centre de référence mais également d'animateur territorial et d'organisateur, par exemple des transports bariatriques, il faut le prévoir de manière claire et le financer.

Que vous ayez été confronté, comme vous l'avez mentionné, monsieur Hammouche, à des demandes de transport hors parcours, pose véritablement la question de l'organisation des parcours de soins pour les adultes. C'est pour cette raison que, d'une manière générale, nous avons été assez critiques à l'égard des expérimentations, non en raison de leur manque de pertinence, mais parce que leur mise en place nous semble très lente. S'agissant des adultes, dans la mesure où la population concernée est extrêmement nombreuse et où l'on connaît moins d'expériences probantes, il faut certainement en passer par une phase d'expérimentation.

En tout cas, il nous paraît essentiel d'évoluer vers des prises en charge au parcours, afin précisément d'éviter de telles cassures, ces interventions mal coordonnées, ces chirurgies isolées sans vraiment d'avant et pas d'après. Et cela doit se faire plus rapidement. Aujourd'hui, la question n'est pas tant de savoir si des prises en charge pluridisciplinaires et au parcours sont efficaces – cela est démontré dans la littérature médicale –, elle est surtout de parvenir à organiser ces réseaux dans un système fragmenté, au sein duquel l'approche pluridisciplinaire n'est pas très répandue.

Les mouvements actuels de réforme, avec la mise en place de dispositifs plus coordonnés, comme les communautés professionnelles territoriales de santé, vont plutôt dans le bon sens, car ils peuvent contribuer à la mise en place de parcours coordonnés. Il est essentiel que l'on ne considère plus une fois le seul transport bariatrique, une autre le seul acte chirurgical, mais que l'on ait vraiment une approche de parcours pour ces patients, qui sont complexes et qui vont le rester même après avoir été opérés.

S'agissant de la précarité, il semble important de faire du « sur-mesure ». À Lille, par exemple, l'équipe hospitalière du centre spécialité de l'obésite a été impliquée dans une étude très intéressante en ce qu'elle a conduit les médecins à participer à une enquête à domicile. Ils ont notamment rapporté que, chez les familles les plus touchées par la précarité, les espaces de stockage alimentaire étaient démesurés, tout à fait disproportionnés. De fait, les gens profitent des promotions et stockent des quantités importantes d'aliments de qualité nutritionnelle souvent mauvaise. C'est là l'illustration du poids des instruments publicitaires dans l'orientation de la consommation, et peut-être une piste d'actions à mener dans ce domaine.

Nous disposons de connaissances sur les publics en question. Nous citons, en particulier, dans le premier chapitre du rapport, les études « Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l'aide alimentaire » (ABENA). Lors de nos visites de terrain, nous avons constaté une prise de conscience de la nécessité de faire mieux dans le domaine de l'aide alimentaire sur le plan de la qualité, de l'éducation à la santé et de l'information des personnes qui en sont bénéficiaires.

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