Intervention de Erik Berg

Réunion du mercredi 20 novembre 2019 à 14h30
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Erik Berg, directeur de France 3 Normandie :

Je suis arrivé en Normandie un tout petit peu après le préfet. Son discours apaisant était en décalage avec les policiers que nous montrions portant des masques de protection, et aussi avec les odeurs que nous sentions. Nous avons essayé de les qualifier et de nous renseigner sur leur provenance.

Nous parlons beaucoup des fake news. La première des défenses est de ne pas les relayer et de commencer à faire son travail de vérification, sans forcément être dans la précipitation. À France Télévisions, en dehors de tout ce que nous mettons en place pour lutter contre les fake news, nous nous attachons beaucoup à donner une information vérifiée, quitte à la retenir lorsque nous n'en sommes pas complètement sûrs. Il faut prendre en compte les attentes de la population. Il est compliqué de ne pas participer à l'amplification des doutes, et en même temps, de s'interroger sur la « véracité » des termes parfois un peu flous des communiqués préfectoraux.

Nous avons eu à commenter l'événement tout en le vivant. Lorsque l'on est envoyé spécial, on arrive et on est un peu vierge de tout. Là, nous avons un personnel qui n'était pas seulement journalistique mais aussi technique, administratif, de paie et de gestion, composé de personnes qui avaient de la famille sur place, qui ont eu pas mal d'interrogations, qui ont reçu des informations des écoles et d'un certain nombre de sources différentes qui nous ont posé pas mal de problèmes. Nous nous organisions pour donner l'information la plus exacte possible, mais nous nous demandions aussi comment protéger les salariés de notre structure.

Comme nous étions directement sur la trajectoire du panache de fumée, nous avons fait le choix de quitter nos locaux et de nous organiser avec une autre station, à Caen, pour que toute l'information soit relayée avec un maximum de sécurité pour les populations. Nous avons demandé aux personnes exerçant des fonctions support d'évacuer et de rentrer chez elles. Cela a généré une petite incompréhension avec les services de la préfecture. Je peux comprendre le point de vue du préfet qui pense qu'en évacuant une station, nous pouvions paraître contradictoires et contribuer à un mouvement de panique ou d'angoisse. Cependant, pour moi, cela allait dans le sens d'une meilleure protection des salariés de France 3.

Nous avons fait le choix de nous délocaliser à Saint-Sever, sur l'autre côté de la rive gauche. Au début, il y a eu un peu de confusion dans les communications, mais sur le long terme, elles se sont plutôt bien déroulées. Nous avons eu un certain nombre d'informations des responsables de l'usine sur les produits qui brûlaient. Nous avons également interrogé un grand nombre de scientifiques sur les conséquences à long terme du panache de fumée. Tout n'est pas résolu pour l'instant. Notre difficulté était d'avoir un personnel qui, parti le matin « la fleur au fusil », s'est exposé. Il nous fallait donner de l'information tout en protégeant la sécurité de nos salariés. Les pistes d'amélioration doivent porter sur comment mieux travailler sur ce genre d'événement en offrant à nos salariés la plus grande sécurité qui soit.

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