Intervention de Simon Choumer

Réunion du jeudi 21 novembre 2019 à 10h10
Mission d'information sur l'incendie d'un site industriel à rouen

Simon Choumer, docteur ingénieur en génie chimique et expert judiciaire :

Je suis expert judiciaire depuis 1973, en particulier en génie chimique, pollutions et nuisances. Je suis ingénieur chimiste et docteur ingénieur en génie chimique. Je voudrais tout d'abord vous dire que nous avons la possibilité de savoir ce qu'il y avait dans ces nuages. Il suffit d'un peu de réflexion. Nous allons faire un peu de science. Il y a eu un certain nombre de produits. Il y a eu exactement 5 253 tonnes de produits chez Lubrizol. Qu'y avait-il dans ces 5 253 tonnes ? Il y avait une majorité d'huiles minérales. Ensuite, il y avait un certain nombre de produits divers et variés, les uns contenant des produits phosphorés et d'autres types de produits. Les huiles minérales contiennent des additifs. En fonction de ces additifs, nous allons pouvoir faire une simulation et vous dire ce qu'il y avait comme type de fumée.

Nous allons maintenant parler de la dioxine. Théoriquement, c'est un produit chloré, qui ne peut se former que s'il y a des atomes de chlore quelque part dans les produits de Lubrizol. Il n'y en avait pas, ou très peu. Il y en avait uniquement dans les additifs des huiles, sachant qu'il existe différents types de dioxines. La plus nocive est la dioxine tétrachlorée. Elle est très toxique. Il y a d'autres types de dioxines. Vous avez des dioxines qui sont beaucoup moins nocives que d'autres. Certes, il y a eu des analyses. Ces analyses ont été faites en picogrammes. Je ne sais pas si vous vous représentez, cela fait 10-12 grammes. La majorité des analyses qui ont été faites, qui étaient des analyses de fond, étaient de l'ordre de trois à quatre picogrammes, ce qui n'est pas grand-chose. Ensuite, des analyses ont été faites, il y a eu 12 picogrammes et tout le monde a hurlé en disant que cela faisait quatre fois plus, mais personne ne connaît le seuil de toxicité. Il n'y a aucune législation qui vous donne le seuil de toxicité de la dioxine. Je parle de la dioxine bichlorée ou tétrachlorée. Celle-ci est dangereuse. Pour conclure, il y avait un peu de dioxine, des traces.

Quant à l'huile minérale ou naturelle, si elle chauffe très fort, cela va donner de l'acroléine. C'est un aldéhyde acrylique. Elle a des seuils de toxicité. Elle est très irritante pour la peau, pour le foie et les yeux. Personne ne parle de l'acroléine. Il faut bien l'analyser.

Par ailleurs, dans les différents produits que vous avez, il y a énormément de soufre, en particulier dans les différents fûts, outre les huiles minérales qui représentent 40 % des 5 000 tonnes, ce qui est énorme. Les produits soufrés donnent tout d'abord des mercaptans. C'est un produit volatil extrêmement odorant, comme l'hydrogène sulfuré. Il a une odeur très forte. Théoriquement, nous pouvons l'analyser, mais le nez humain est beaucoup plus fin que n'importe quel type d'analyse. Un nez humain est capable de détecter 0,0005 partie par million de mercaptans. Cela peut sentir très fort, mais sans aucun seuil de danger, et les appareils ne peuvent pas le détecter.

D'autre part, vous pouvez avoir de l'hydrogène sulfuré, mais le soufre va s'oxyder et former des oxydes de soufre qui vont peu à peu se transformer – éventuellement quand il pleut – en acide sulfurique. L'azote peut également se transformer en acide nitrique. Par conséquent, il va y avoir une acidification des sols.

Il reste les fumées, c'est-à-dire les suies. Il y a des grosses et des petites particules, c'est exact. Les grosses particules, très poreuses, vont se gorger de produits toxiques, de type benzénique, qui sont théoriquement cancérigènes, en particulier les benzopyrènes. C'est sur l'analyse de ces fameuses particules qu'il faut porter notre attention. Je ne parle pas des petites particules fines, qui sont également très dangereuses. Elles pénètrent par les voies respiratoires à l'intérieur du corps.

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