Intervention de Muriel Pénicaud

Séance en hémicycle du mercredi 8 janvier 2020 à 15h00
Débat sur les politiques de l'emploi

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Le sujet que vous mentionnez a été évoqué hier avec les partenaires sociaux au ministère du travail, lors du lancement de la concertation sur la pénibilité et l'emploi des seniors.

Environ deux tiers des 55 à 59 ans sont en activité. C'est la moyenne européenne et compte tenu des incapacités ou conditions d'emploi particulières de certains, ce taux peut être considéré comme relativement important. Mais vous avez raison : il en est tout autrement pour les 60-64 ans, dont le taux d'activité n'est que d'un tiers.

De même, il est exact que le taux de chômage de longue durée est très élevé chez les seniors. S'il existe moins de risques de se retrouver chômeur à ce stade de sa carrière, il est en revanche extrêmement difficile d'en sortir si cela arrive. Il s'agit donc d'un véritable défi, que nous devons intégrer dans notre réflexion sur l'emploi des seniors, qu'il s'agisse de la politique de l'emploi ou de la réforme des retraites.

Plusieurs actions sont déjà menées. Dans le cadre du PIC, 24 % des demandes de formation concernent des seniors demandeurs d'emploi. Parmi les personnes embauchées par un groupement d'employeurs, beaucoup sont des seniors. Le parcours emploi compétences, sorte de contrat aidé amélioré, assorti de formations et d'un accompagnement, est suivi par 34 % de seniors, qui sont également très présents dans les dispositifs d'insertion par l'activité économique.

C'est une question très importante, car elle a des conséquences sur le niveau de pauvreté : en effet, les seniors sont souvent à temps partiel ou exercent des emplois précaires, et peuvent donc se retrouver en situation de pauvreté. C'est pourquoi nous avons ouvert hier la concertation avec les partenaires sociaux sur ce sujet. Nous nous verrons tout au long de la semaine et reparlerons mardi prochain de ce sujet prioritaire.

Au-delà des actions de droit commun, qui permettent à plus de seniors d'être accueillis, nous devons aller plus loin, vers une évolution structurelle. Il faut également changer le comportement des entreprises, qui restent encore trop dans l'éviction. Notre société doit reconnaître la valeur de l'expérience : on ne peut pas à la fois exclure les jeunes au prétexte qu'ils n'auraient pas assez d'expérience et les seniors car ils en auraient trop ! Les personnes expérimentées ont beaucoup à apporter à la société et aux entreprises : ce sera l'objet de la concertation.

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