Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Questions sur l'efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Certains médecins ne renonceront pas à une installation déconventionnée, et nos concitoyens connaissent de telles difficultés à trouver un médecin qu'ils accepteraient de payer sans remboursement. Il existe donc bien un risque d'aggravation de la fracture sociale. Tous les pays, comme l'Allemagne et le Canada, qui ont fait l'expérience de l'installation programmée, sont revenus sur cette obligation.

Il se trouve que la réunion du G7 santé que j'ai organisée en mai, à Paris, avec mes homologues, portait précisément sur l'accès aux soins primaires. Tous sont intervenus sur la liberté d'installation et ont fait part du désarroi que suscite la désertification médicale parmi leurs populations. Le problème est mondial : selon le directeur général de l'OMS – Organisation mondiale de la santé – , le manque de soignants atteindrait 12 millions dans le monde.

Tous les pays d'Europe connaissent cette difficulté. La France a la chance de disposer d'autres professions de santé que les médecins – infirmiers, pharmaciens, kinésithérapeutes – , aux effectifs nombreux, ce qui nous donne les moyens de répartir l'activité, car leurs membres, fort heureusement, peuvent assurer le suivi de certains patients.

La solution est d'opter pour l'incitation, qui ne doit pas être exclusivement financière. Les médecins cherchent avant tout une qualité de vie au travail, ce qui suppose de faciliter les installations groupées et de mettre en oeuvre des protocoles de coopération – comme le souhaitent les jeunes médecins. Il ne faut surtout pas favoriser une médecine à deux vitesses. Je me méfie du conventionnement sélectif comme de la libéralisation de la téléconsultation, qui serait un drame pour notre pays.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.