Intervention de Agnès Buzyn

Séance en hémicycle du jeudi 9 janvier 2020 à 9h00
Questions sur l'efficacité des mesures prises pour lutter contre la désertification médicale

Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé :

Nous avons cette discussion régulièrement et force est de constater que ma prédécesseure n'a pas instauré le conventionnement sélectif : nous savons qu'il est efficace pour les professions à forte démographie, comme les infirmiers ou les sages-femmes, mais pas pour celles dont la démographie est faible – vous avez rappelé les chiffres concernant les médecins.

Nous héritons d'une situation qui est l'aboutissement de décisions prises dans les années 1990, dont nous connaissons les conséquences catastrophiques : moins de 400 médecins formés chaque année pendant vingt ans.

Nous devons donc inciter les médecins susceptibles de partir à la retraite à exercer plus longtemps, en attendant que les générations formées depuis 2005 s'installent. Pour ce faire, nous avons favorisé le cumul emploi-retraite, en déplafonnant les cotisations jusqu'à sept fois plus qu'elles ne l'étaient – nous avons donc consenti des efforts considérables.

Dans l'attente d'une augmentation du nombre de médecins, nous avons le devoir de dépasser la seule politique de l'incitation à l'installation ; la stratégie qui guide la transformation du système de santé vise donc à augmenter le temps médical disponible. Répartir la pénurie ne constitue pas la seule solution.

Celle-ci consiste à permettre aux médecins de se concentrer sur les actes qui fondent leur valeur ajoutée, en leur évitant d'accomplir des actes qui peuvent l'être par d'autres professionnels. Je tiens à rappeler qu'en comparaison avec les autres pays européens qui souffrent comme le nôtre de la désertification médicale, nous avons une chance : les autres professionnels de santé connaissent une démographie forte ; nous pouvons nous reposer sur les pharmaciens, les infirmiers, les sages-femmes pour décharger les médecins de certains actes. L'Allemagne, par exemple, qui ne dispose pas non plus d'infirmiers, ne peut recourir à cette solution.

Nous décloisonnons donc l'exercice et nous favorisons la coopération entre les professionnels par le moyen des centres de santé et des maisons de santé ; nous déléguons des tâches, notamment grâce au développement des pratiques avancées infirmières ; nous développons le numérique dans le cadre du dossier médical partagé et de la télémédecine. Nous aidons aussi les médecins à retrouver du temps médical en les déchargeant des tâches administratives par le recours à des assistants médicaux.

Tout doit être fait pour retrouver du temps médical : c'est dans ce sens que nous agissons aujourd'hui, afin de redonner confiance aux professionnels de santé.

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